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Quel usage les humains feront-ils des robots qui, en ce moment, dans le monde de la recherche et de l'industrie, suscitent autant d'intérêt que les simples ordinateurs, il y a vingt ans? Cet usage semble exclusivement réglé par les lois du marché. L'entrée des robots dans l'humanité et dans chaque pays est libre. Est-ce là une position défendable? Puisque les pays se dotent de lois de l'immigration sévères pour préciser les critères d'entrée des autres humains sur leur territoire, on ne voit pas comment ils pourraient pratiquer un laisser-entrer total dans le cas des robots.
Si la diversité biologique est menacée, la diversité robotique est en pleine croissance. Et les robots ne débarquent pas seulement en grand nombre, mais sous les formes et les tailles les plus diverses, depuis le robot abeille de Harvard jusqu'au robot taureau de l'armée américaine.
Un robot considéré séparément, l'exo-squelette par exemple, pourrait recevoir une excellente note en raison des multiples services qu'il pourrait rendre aux plus fragiles parmi nous, mais s'il est très coûteux, s'il consomme beaucoup d'énergie, s'il fait perdre des emplois ''humains'', on pourrait être amené à limiter leur usage, voire à en interdire tout usage.
Pour y voir clair, nous devons faire appel à l'éthique de la complexité, ce qui nous oblige à examiner d'abord l'impact des robots dans leur ensemble. Cet impact peut être de plusieurs types, nous nous limiterons à quatre : social, psychologique, énergétique, écologique.
L'impact social
Convenons d'appeler rencontres ces moments oasis où, à l'occasion d'une transaction d'ordre pratique dans une banque ou un commerce, un client peut se transformer en une personne et évoquer des événements de sa vie personnelle à un préposé qui, s'étant lui aussi transformé en personne, l'écoute avec un intérêt bien senti.
Tout robot qui aurait pour effet de rendre impossibles de tels moments oasis devrait recevoir un point de démérite pour cette unique raison. Les machines distributrices et les répondeurs automatiques, précurseurs des robots, ont déjà eu sur ce plan des effets négatifs dont personne ne semble s'inquiéter. Certains ont cru que leur expansion était terminée. Elles sont, écrit Fabien Deglise, dans Le Devoir du 12 juin 2010, équipées désormais des mêmes processeurs que les robots et passent à l'offensive.
« Depuis le distributeur à roulettes de gomme à mâcher Tutti Frutti, au XXe siècle, celui qui a donné le ton, oui, les temps ont bien changé. [...] Aujourd'hui, les écrans tactiles remplacent les bons vieux panneaux de commande à boutons, les spirales sans fin (retenant et faisant tomber les produits) font place à de nouveaux modes de distribution, plus précis et surtout imaginés pour enrayer pour de bon la rage de la machine distributrice. [...]
Avec des capteurs qui s'assurent que le montant de l'achat est porté à sa carte de crédit dès que le produit est tombé — pas avant —, avec des caméras qui évaluent l'âge d'un consommateur en scrutant sa peau et ses rides (pour la vente des produits du tabac), ces machines sont désormais prêtes à tout, comme en témoigne celle que l'on commence à trouver dans les toilettes pour filles de certains bars de l'Ouest canadien : elles proposent des fers à défriser les cheveux en libre-service, contre quelques petites pièces. [...] À Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, la barre est encore plus haute. Elle est aussi en or, la matière première des lingots mis ainsi en vente dans une machine distributrice dans le hall d'entrée d'un hôtel de luxe. Bien sûr, il faut une pièce de 40 000 $ pour faire tomber une barre d'un kilo ».
Le téléphone institutionnel, quand il y avait encore des personnes au bout de la ligne, pouvait lui aussi créer des occasions de rencontre. Le répondeur automatique a non seulement supprimé ces occasions de rencontre mais les a souvent remplacées par ces rages impuissantes de l'utilisateur contre la voix synthétique qui est programmée pour vous empêcher d'aller au bout de vos questions.
Selon une étude de la Fondation de France, rendue publique le 1er juillet 2010, l’isolement touche une part importante de la population française, et cela dès l’âge de 40 ans. 33% des Français ne rencontrent pas leur famille au-delà de quelques fois dans l’année (dont 8% n’ont aucun lien, ne serait-ce qu'occasionnel). Cette rareté, ou cette absence de contacts directs n’est que très partiellement compensée par les échanges à distance. Et constat étonnant, les réseaux sociaux virtuels (Facebook) n'aident en rien les Français à se sortir de l'isolement, l'utilisation des réseaux sociaux virtuels étant fonction des réseaux sociaux réels. Face à ce constat, la Fondation de France se sent confortée sur la nécessité de maintenir, de recréer des liens sociaux et de mettre l’Homme au centre de ses actions.
Quand la masse des nouveaux robots polyfonctionnels aura été admise sur nos terres, l'amour lui-même (voir les travaux sur la lovotique) ne sera plus une occasion de rencontre. Personne évidemment, parmi les vendeurs de ces machines, n'a le sentiment de conspirer à la déshumanisation. Nous sommes tous convaincus que le temps ainsi libéré peut être utilisé à des fins vraiment libres et humaines. C'est là peut-être l'illusion la plus déshumanisante du monde. Quand les activités de la vie quotidienne, y compris le travail, cessent d'être perméables à la présence de l'autre, il faut s'attendre à ce que les loisirs soient eux aussi constitués d'activités opaques.
Impact psychologique
Nous faisons ici l'hypothèse que nous devenons ce que nous voyons, que notre imaginaire, tel que l'a façonné l'évolution ne peut qu'être dégradé par le spectacle continu du mécanique et du fonctionnel; c'est le diagnostic formulé dans Les temps modernes de Chaplin. L'âme humaine est broyée par les rouages de la méga machine avant même que le corps ne soit irrémédiablement touché.
C'est peut-être là le plus important des critères pour l'évaluation des robots, mais c'est aussi hélas! le plus impondérable et le plus invérifiable. Scène d'un restaurant un dimanche matin. Une fillette de sept ou huit ans, sans doute en garde partagée, est assise en face de son père, lequel ne la regarde pas. Il est plongé dans la lecture d'un journal faisant écran entre elle et lui. Pendant ce temps, la petite, écouteur aux oreilles, regarde sur son ordinateur un dessin animé rempli de robots. Ce tête-à -tête dure depuis deux heures. Triste, la fillette est ailleurs; au moment du départ, elle se jette au cou de son père, mais toujours sans le regarder. Personne ne pourra jamais démontrer que c'est là un bien mauvais régime pour une âme d'enfant, mais faut-il attendre des preuves? Le besoin de preuves dans un tel cas n'est-il pas l'indice d'un désarroi profond?
Il faudrait appliquer le principe de précaution au point de limiter par des règles strictes le nombre d'heures consacrées quotidiennement à la ''contemplation'' des robots et des dessins animés privés d'âme c'est-à-dire de véritable animation. À proscrire donc, dans les vidéos en particulier, tous les monstres mécaniques qui en raison de leur laideur, de leur violence, de leur gigantisme peuvent semer la terreur dans l'imaginaire le mieux trempé! À proscrire aussi tous les robots qui accroissent inutilement la pollution symbolique. C'est le cas de toutes les machines qui relèvent de la lovotique.
Et ce n'est là qu'un impact psychologique parmi plusieurs autres. Dans Ravage, l'un des classiques du roman de science fiction, le système tout électrique dans lequel l'humanité s'est enfermé, implose subitement et entraîne dans son maelström des populations entières. La chose se passe en France.
Impact énergétique
Parce qu'ils consomment peu d'énergie par rapport à nos voitures et à nos systèmes de chauffage, les gadgets numériques entrent dans nos vies en nous persuadant qu'ils nous font faire des économies d'énergie, par l'achat en ligne notamment. L'écart qui ne cesse de s'élargir entre notre point de départ et notre état actuel en matière de consommation d'énergie devrait pourtant nous faire réfléchir. Les hommes, jadis, se nourrissaient exclusivement de ressources renouvelables et accomplissaient par la seule force de leur corps le travail nécessaire à leur survie. La domestication du cheval et du bœuf n'a rien changé d'essentiel à cette loi, mais depuis l'avènement de la machine à vapeur et du moteur à explosion, le danger lié à la consommation démesurée d'énergie non renouvelable ne cesse de s'accroître.
Cette première génération de machine avait permis de mettre cent esclaves mécaniques au service de chaque être humain. Quand tous les robots et les simili robots auront trouvé place dans nos vies, le nombre de nos esclaves mécaniques aura aussi doublé ou triplé et il en sera de même de notre empreinte écologique. À ce compte les réserves de charbon seront vite épuisées. Ne parlons même pas de celles du pétrole et la planète sera en pleine surchauffe.
Car chacun de nos clics est énergivore. Un branchement sur Google équivaut en termes énergétiques à une tasse de thé, selon les calculs d'une dame anglaise qui pousse la simplicité volontaire dans sa lutte contre le réchauffement climatique jusqu'à se priver de sa tasse de thé quotidienne. Une source fiable m'apprend qu'un clic équivaut à 1 kilojoules, ce qui équivaut à la quantité de chaleur que dégage en dix secondes le corps d'un personne au repos. Est-ce suffisant pour réchauffer une tasse de thé?
On estime déjà à 6 % la part de l'énergie consommée mondialement par l'ordinateur, ses variantes, tels les téléphones cellulaires et les infrastructures qu'ils nécessitent. « En 2006, les serveurs et les centres de données ont consommé 61 millions de Mwh soit 1,5 % de l'énergie consommée aux États-Unis. La projection pour 2011 était de 100 millions de Mwh, une augmentation de 12,7 %, ce qui nécessitera la construction de 10 nouvelles centrales nucléaires ou au charbon. Source
Nous devrons peut-être payer une tasse de thé pour chaque pollinisation d'une fleur. Ce service, les abeilles nous le rendent gratuitement en plus de nous donner le miel qu'elles tirent de l'opération. Cet insecte précieux risque fort toutefois d'être décimé par la maladie, ce qui semble réjouir les chercheurs de Havard; ils pourront vendre alors leur robot abeille dont le prototype existe déjà. Ces abeilles de plastique ne tireront toutefois pas leur énergie des fleurs qu'elles polliniseront, il faudra les équiper de batteries miniatures, provenant elles aussi du charbon.
Impact écologique
On ose à peine croire les chercheurs de Harvard quand ils soutiennent que leurs abeilles robots pourraient un jour avoir pour mission de remplacer les insectes amoureux des fleurs pour assurer la pollinisation des arbres fruitiers. Quiconque a déjà vu des abeilles à l'œuvre dans un pommier ou un cerisier en fleurs préférera mourir lui-même plutôt que de voir ces créatures ailées remplacées par un processeur associé à quelques capteurs d'odeurs! Même ceux qui, comme les chercheurs de Harvard, considèrent les abeilles elles-mêmes comme des machines, y perdront au change, car ils ne parviendront pas à fabriquer des copies aussi belles que les originaux.
On reste inconsolable à l'idée qu'on ne consacrera à la protection des abeilles qu'un pourcentage insignifiant des ressources que l'on consacrera à des solutions artificielles aux problèmes qui résulteront de leur disparition. À la limite, on pourra peut-être confier à des entreprises du secteur informatique le soin d'assurer la pollinisation des vergers à haut rendement, mais qu'adviendra-t-il de toutes les plantes sauvages dont les fleurs ont besoin d'être pollinisées? Les abeilles sont un cas limite : ou bien il faut mobiliser des milliards et des milliards pour assainir les paysages qui ne leur conviennent plus, ou bien il faut se résigner à vivre sur une planète où il ne restera même plus assez de pétrole pour fabriquer des arbres de plastique ni même assez de terre rare pour fabriquer des robots miniatures.
On doit dire et penser la même chose de tous les services écosystémiques rendus par la nature. Il se trouve que la plupart de ces services, des fruits sauvages au trèfle des prairies, ont pour origine une fleur qui a besoin d'être pollinisée. S'engager en ce moment sur la voie des substituts artificiels est un choix aberrant, car jamais le poète, l'être sensible à la vie et à la beauté qui n'imagine pas une terre sans abeilles et l'apiculteur réaliste qui doit d'abord miser sur ce qui est donné, n'auront eu autant de raisons de s'entendre.
Le choix : coureurs des bois ou cosmonaute
Nous avons encore le choix en ce moment entre l'autonomie du coureur des bois et la dépendance du cosmonaute à l'endroit de la tour de contrôle, entre le développement personnel à l'intérieur des limites accompagnant les dons de la nature et le développement par le dépassement systématique de ces limites au moyen de médicaments, d'implants, de prothèses... L'attrait de ces ajouts paraît déjà irrésistible. Il serait pourtant sage de les limiter aux personnes malades ou vivant avec un handicap ne serait-ce que pour des raisons économiques et écologiques. Le coureur des bois ne coûtaît rien ni à la nature, ni à la société. L'homme médicalisé et déjà numérisé c'est-à-dire augmenté d'ajouts informatisés coûtera de plus en plus cher, si cher qu'il est totalement exclu que la majorité puisse bénéficier des services entre lesquels les plus riches auront le choix.
Avant même d'avoir pu limiter raisonnablement les effets des inégalités naturelles, la civilisation donnera ainsi naissance à des inégalités de fabrication humaine pires que celle de la nature et plus difficile à accepter parce qu'on ne pourra les expliquer que par les lois du marché, sans jamais pourvoir mettre en cause un Dieu aux desseins mystérieux.
Certes on ne pourra jamais ressusciter le coureur des bois, mais rien n'empêcherait de fonder l'éducation sur l'autonomie qui le caractérise, ce qui dans le cas de l'éducation physique par exemple signifierait qu'on apprenne aux enfants à distinguer dans leur corps les limites à respecter plutôt que de miser sur des implants et des analyses d'experts pour accroître ses performances