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Quand les nombres et les figures Ne seront plus la clef de toute créature, [...] Alors s'évanouira devant l'unique mot secret Ce contresens que nous appelons réalité....
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Un nouveau site consacré au dialogue entre croyants et non-croyants a été créé. Son titre « L’hypothèse Dieu » annonce-t-il un vira...
L'appartenance c'est le lien vivant, la rencontre de deux Vies : la nôtre et celle de telle personne, tel paysage...Quand la vie se retire, le sentiment d'appropriation se substitue au ...
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Sur les traces de Louis Valcke (1930-2012), professeur, philosophe, essayiste, cycliste, navigateur et pèlerin. Spécialiste mondial de l’œuvre de Pic de la Mirandole.
Nous reproduisons ici au complet cet article de format PDF, avec l’autorisation de l auteur, Nicolas Go.
L’amour du silence a un nom : sigologie Dans cet article dense et clair, Nicolas Go nous fait découvrir l’importance du silence aux deux extrémités de la philosophie, chez Pythagore et chez Nietzsche. Voici deux extraits de cet article:
«Pythagore imposait à ceux qui s’attachaient à lui un silence de cinq ans [...] car la plus difficile de toutes les maîtrises est celle qu’on impose à sa langue, comme nous le font voir aussi ceux par qui ont été institués les mystères » (Jamblique, 1996 : 41). Le silence est donc aussi bien une règle de discipline qu’un exercice spirituel, ou une valeur mystique. Comme règle de discipline, il prémunit contre le bavardage, cet usage intempestif du langage à la seule fin de se distraire, pour fuir la préoccupation de l’essentiel (vérité théorique et vertu pratique). Comme exercice spirituel, il prépare à la contemplation, habituant l’esprit à ne s’appliquer qu’aux objets de connaissance. Comme valeur mystique, il constitue le lieu propre où s’abîme la pensée, lorsqu’elle repose en elle-même. Dans sa Vie de Pythagore , Jamblique consacre quelques paragraphes au récit du déroulement de la journée d’un disciple sous l’enseignement du maître. On y apprend que le premier exercice matinal de ces homakooi (coauditeurs) vivant en communauté et pratiquant l’amitié, était la promenade en solitaire : « Au point du jour, les disciples faisaient une promenade en solitaires, et en des lieux où ils pouvaient trouver calme et tranquillité requis et où il y avait des temples, des bois sacrés et toute autre chose qui réjouisse le cœur. Ils estimaient en effet qu’ils ne devaient rencontrer personne avant d’avoir composé leur propre âme et mis de l’ordre dans leur esprit ; ce genre de tranquillité est tout indiqué pour rasséréner l’esprit. Car ils considéraient comme source de perturbation le fait de se précipiter dans la foule dès le réveil » ( Ibid. : 56). La promenade solitaire, silencieuse et tranquille, dans des lieux de jubilation pour composer son âme, voilà une pratique rêveuse ou contemplative qui institue le silence comme le premier moment de la vie philosophique. Celui-ci les accompagnait tout au long de la journée, concourant à la permanence d’une humeur joyeuse et sereine. Ils se maintenaient dans la joie, et ne cédaient jamais à la colère, ni à aucune autre passion triste. Si d’aventure quelque cause de tourment survenait, ils se mettaient à part pour digérer leur passion et la guérir : « Ils n’étaient pas tantôt joyeux, tantôt abattus, mais leur joie était calme et sereine. [...] Mais s’il arrivait que la colère, la peine ou un autre sentiment du même genre survînt en eux, ils s’en débarrassaient. [...] Ils parvenaient à se ressaisir dans le silence et la tranquillité » ( Ibid. : 106-107). La journée de travail s’achevait également sur une promenade vespérale, mais par petits groupes de deux ou trois, et consacrée à méditer en commun les enseignements philosophiques de la journée
Le sigophile (l’amoureux ou l’ami du silence) fait de la philosophie une tentative d’approche du silence. Il se tient au plus près de ce dont le corps est capable lorsqu’il se tait. Plutôt que de tout réduire au silence, ce qui est le propre du sage, il s’efforce de s’y tenir, ou d’obstinément y revenir pour mesurer la valeur de ce qu’il écrit, de ce qu’il fait, dit ou pense. Il sait, du reste, que le silence de toute façon s’impose. Il sait l’indifférence de la nature, qui détruit sans intention. Il sait, comme dit Deleuze, que « Dieu s’en fout ». Mais le silence du philosophe n’est pas le néant : c’est un silence actif, créatif, qui n’est pas fait d’absence ni de vide. Il témoigne de l’acuité d’une présence, et de la totalité du réel. Il possède des propriétés différentielles, que le néant n’a pas. Ce n’est pas la même chose que le silence et le rien, que la vacuité et le vide, que dire le silence et ne rien dire. Le silence est à la fois ce qu’il n’arrive pas à dire (pas plus que le poète), et ce qui précède la tentative de le dire. Ce n’est pas le silence de celui qui s’inquiète ou s’ennuie, et que la parole repose d’un vide désespérant. Ce n’est pas non plus tout à fait le silence salutaire qui repose des bavardages incessants et accablants. C’est un silence qui s’affirme pour lui-même, celui qui précède l’acte de dire ou d’écrire. Il est le moment qui précède le geste, susceptible faire l’objet d’une contemplation.