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Quelques jours avant la fête de Pâques de 2012, le ministre de la santé du Québec, le docteur Yves Bolduc, a eu l'idée d'offir un robot de compagnie à quatre CHSLD du Québec. Ils émettent des couinements aigus, clignent des yeux et réagissent aux caresses.
Voici le commentaire sur cette grande première qu'Antoine Robitaille publia dans Le Devoir du 7 avril.
«On n'a voulu voir que l'anecdotique et l'insolite dans cette affaire des robots-phoques «Paro» offerts aux vieux pour les «stimuler», pour leur offrir un ersatz d'affection. Pourtant, ce n'est nul autre que le ministre de la Santé, Yves Bolduc, dans le contexte officiel du Salon bleu, qui s'est servi cette semaine de cette néo-thérapie afin de répliquer à l'opposition.
Celle-ci venait de déplorer la manière dont on traite les aînés et de railler une fois de plus l'épisode des escouades de clowns envoyées dans les CHSLD pour les divertir (les «agrémenter», selon la langue de Bolduc). Le débat qui a suivi avait quelque chose d'hilarant, tellement il comportait un je-ne-sais-quoi d'éminemment contemporain.
Feu le romancier Philippe Muray, grand contempteur de notre époque, aurait lui-même eu du mal à imaginer une chose pareille. Ou alors, s'il l'avait fait, on l'eût accusé de caricaturer. Ainsi, l'Association des chasseurs de phoques des îles de la Madeleine s'indigna. Les propos du ministre comportaient à ses yeux un appui tacite aux «animalistes» qui luttent contre leur métier! «Ça fait un demi-siècle qu'on se fait traiter d'assassins et de barbares aux îles de la Madeleine avec ce symbole-là [le blanchon] et notre ministre, lui, il trouve ça cute!»
La réaction de Lorrain Leduc, directeur général de Zoothérapie Québec, avait aussi quelque chose de corporatiste, mais était davantage intéressante (publiée dans nos pages hier). Ses membres, a-t-il souligné, offrent depuis longtemps des programmes «qui utilisent le chien pour contribuer à l'amélioration de la santé et de la qualité de vie». Mais en plus, a-t-il fait valoir (malhabilement), «si c'est à la part humaine que [la thérapie avec blanchon électronique] souhaite s'adresser, soyons conscients que de répondre avec empressement à l'appel de la technologie, impersonnelle et coûteuse d'acquisition, d'entretien et d'administration, ne permettra pas d'atteindre l'objectif».
***
Or, quel fut le coeur du plaidoyer du ministre, dans le couloir, après la période de questions? Il ne faut pas rire des «tentatives pour "humaniser" les soins». M. Bolduc a-t-il vraiment compris l'argument qu'il mettait en avant? Sans doute voulait-il, en toute bonne foi, souligner un effort de la part de fondations (car ce n'est pas l'État qui paie pour ces phoques bioniques) pour divertir et stimuler les personnes âgées.
Mais depuis quand «humanise»-t-on des soins avec un robot? Tout le monde a compris qu'il s'agissait plutôt d'une forme de «déshumanisation» où un automate vient, entre autres, pallier une carence en contacts humains. Les riches fondations qui paient pour ces blanchons devraient plutôt faire en sorte que les personnes âgées aient des bains plus fréquents, du personnel mieux formé ou mieux payé et de la nourriture convenable.
Au reste, le ministre, qui a une formation en éthique, aurait peut-être dû voir qu'il s'agit surtout d'une sorte de «post-humanisation» des soins et des thérapies. Au lieu de favoriser le contact avec un être sensible véritable — un Homo sapiens ou un animal —, on lui préfère un automate. On imagine les arguments: le blanchon synthétique est hypoallergène, prévisible dans ses réactions. On fera sans doute valoir que c'est mieux que ces simples peluches inertes que, de toute façon, plusieurs personnes âgées cajolent à longueur de journée.
***
«Qu'ils les gardent au Japon!», a déclaré au Journal de Québec le directeur de l'Association des chasseurs de phoques. À propos des «Paro» testés dans trois CHSLD. Le pays du Soleil levant est en effet robotphile. Vous vous souvenez des tamagochis, ces petits animaux de compagnie électroniques? Les enfants devaient en prendre soin, comme des vrais, sans quoi ils mouraient. Une auteure suisse, Aude Billard, a tenté une explication. Fondée sur le shintoïsme, mélange d'animisme et de chamanisme, la société japonaise postule que l'humain n'est qu'un élément de la nature parmi d'autres et que «toute chose», même un robot, possède une âme: «Ainsi, le problème de l'âme du robot ne se pose pas dans les mêmes termes au Japon. De plus, les mangas, très présents au Japon, véhiculent depuis longtemps l'image du robot-compagnon, comme Astroboy par exemple.»
Qu'elle soit japonaise ou non, la post-humanité, faite de mondes et d'êtres synthétiques, diminue la dimension humaine. Cela rejoint une remarque qu'Hannah Arendt avait faite en 1963 en réponse à la question «La conquête de l'Espace par l'homme a-t-elle augmenté ou diminué sa dimension?». Déjà, la philosophe soutenait qu'il est «chaque jour plus improbable» que l'être humain d'aujourd'hui «rencontre quelque chose dans le monde qui l'entoure qui n'ait pas été fabriqué par l'homme et ne soit, par conséquent, en dernière analyse, l'homme lui-même sous des masques différents».
D'un côté, les jeunes grandissent de plus en plus en s'amusant, non pas dehors, dans la nature indéterminée, mais assis à l'intérieur, devant des mondes virtuels conçus par des humains. Et les vieux, eux, seront encouragés en masse à s'attacher à des robots. Il y a vraiment du «meilleur des mondes» dans notre monde. »
Quelques commentaires de lecteurs
Le robot-phoque déclenche une tempête. Ses vertus thérapeutiques ne sont toutefois pas prouvées.
Amélie Daoust-Boisvert 6 avril 2012
Vieux grincheux
Si jamais je suis dans un CHSLD et qu'un clown me tend un phoque mécanique, je prends le phoque et j'assomme de clown: tiens-toi! Y a un «boutte» à rire des vieux. Et le ministre est content de cette situation; ben coudonc ...
Sylvain Auclair -
Allez donc sur le site de Docteur Clown avant de juger.
Ils ne remplaceront jamais l'amour des proches absents de ces «pensionnaires» mais ils font de leur mieux pour ça.
Bibiane Beauregard -
Tout à fait d'accord! Sauf que je n'assommerais pas le clown:il ne mérite pas ça.
C'est tellement stupide...un robot-phoque. Je comprends que les 'vieux' ont besoin autant que nous de donner et de recevoir de l'affection mais il y a une limite et elle est franchie.
Mon Dieu, épargnez-moi la vieillesse en ce beau vendredi-saint ensoleillé.
Rodrigue Guimont -
Tristement ridicule
Moins de deux ans après que la ministre Blais ait envoyé des Docteurs Clowns et des Messieurs Bouffons pour faire rire (ou pleurer de bêtise) les personnes en Centre d’accueil, voilà donc le ministre Bolduc qui en remet et qui vient promouvoir l’idée des toutous-bébés-phoques-en-peluches pour soi-disant stimuler les ainés!
On verra ce qu’en pensera Mme Blais, quand dans moins de 20 ans (la ministre Blais aura 62 ans cette année) des préposés d’un quelconque centre d’accueil pour personnes âgées lui mettront sur les genoux un de ces petits animaux articulés pour soi-disant l’exciter intellectuellement…
France Marcotte
Pourquoi un phoque?
Pourquoi pas un chat, un lapin mécanique?
Le blanchon suscite plus de compassion, éveille le sentiment de protéger, de l'attachement?
Je ne crois pas que la personne âgée tienne à ce que ce soit un blanchon si jamais une telle bestiole a son utilité.
Cela envoie indirectement un message de reproche intéressé dont les vieux se feront les porte-étendard à leur insu.
Bibiane Beauregard
Très perspicace Merci!
Connerie
Je connais des gens dans un CHSLD furieux de cette bébelle. Alors qu'ils n'ont même pas droit à des soins et repas décents, ces fondations arrivent avec des bébelles inutiles. La seule personne au monde à les apprécier est Brigitte Bardot.
Pierre Brosseau -
LE MINISTRE MOREAU SE RETENAIT
À la télévision, lors de l'explication laborieuse du ministre Bolduc au sujet des bienfaits de la thérapie robot-phoque, il fallait voir son collègue des Transports, Pierre Moreau, placé juste derrière lui, écarquiller les yeux et retenir un rire qui aurait grandement contrasté avec le sérieux de M. Bolduc. Cette image valait mille mots.