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    Jean-Paul Desbiens, penseur incarné

    Hélène Laberge
    Comme le thème de cette Lettre de l'Agora nous invitait à le faire nous avons voulu évoquer la vie et l'oeuvre d'un écrivain québécois dont l'incarnation est l'une des principales qualités. La sensibilité et l’esprit s’unissent aussi de façon exceptionnelle chez Pierre Vadeboncoeur, par exemple, mais aujourd’hui le Frère un tel est le choix d’Hélène Laberge; elle nous fait redécouvrir en montrant que ses insolences n’avaient rien d’insolent et que le temps qui passe efface les ombres qui ont trop longtemps obscurci une gloire qu'il mérite aussi bien en tant qu'homme d’action qu'en tant qu'écrivain.

     

     «Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition.» Montaigne 

     Certains êtres sont incarnés dans leurs pensées, leurs écrits et leurs actions à un point tel qu'on ne peut pas les lire sans se remémorer leur vie. Jean-Paul Desbiens appartient par excellence à ces penseurs. Et il n'est qu'à lire au fil de ses livres les passages des auteurs qui l'ont inspiré pour parcourir un abrégé de l'histoire humaine. Toute la profondeur de son propre regard sur le destin des hommes, il l'a retrouvée chez les Pascal, Montaigne, Péguy, Saint-Exupéry, Céline, Cioran, Nietzsche, Jünger, et de façon plus intime encore chez Bloy.

     Desbiens qui a connu la célébrité dans les années 1960 a eu une enfance de pauvre avec des parents d'une grande dignité. Un père analphabète qui gagnait péniblement sa vie dans les années 1920, comme journalier dans une région nordique du Québec, une mère extraordinairement douée pour faire en sorte que pauvreté ne devienne ni misère, ni misérabilisme. Ayant elle-même vécu son enfance aux États-Unis, elle en avait rapporté des souvenirs très vifs qu'elle livrait à ses enfants admiratifs. Pour le jeune Jean-Paul, première ouverture sur le monde...

     Qui donc avait perçu chez cet enfant une intelligence qu'il ne fallait pas laisser en friche? C'était l'époque où au Québec les communautés religieuses de sœurs et de frères assuraient dans les villages les plus reculés l'éducation primaire. Les frères offraient aux enfants pauvres de poursuivre leurs études dans leur établissement. Le directeur de son école lui avait demandé s'il aimerait aller au juvénat et il avait répondu oui. «Tels sont les débuts, commente-t-il, un oui, un non, presque équivalents et presque également probables, ... mais ensuite, c'est toute la vie qui prend une direction.»

     Au début de l'adolescence, Desbiens quitta sa famille pour le juvénat des frères maristes situé à Lévis (en face de Québec). «On m'avait dit que je n'aurais pas de permission de famille avant deux ans et il n'était pas prévisible, je le savais bien, que mes parents vinssent me visiter à Lévis... Ce que furent les premières semaines au juvénat, un mot les résume : nostalgie. Tout cet été-là, je fus la proie d'une incurable nostalgie... Je m'ennuyai avec une espèce de rage1

     Les frères assumèrent tous les coûts de ma formation, écrira-t-il, «jamais je n'eus à subir la moindre discrimination à cause de ma pauvreté. Je vécus dans un monde où seule comptait la bonne volonté et où l'intelligence pouvait arriver sans égard au porte-monnaie.» Quant à sa vocation, à ce mystérieux appel vers une vie de purification, avec la pudeur qui le caractérise, il se contentera de citer Pascal : «Si Dieu nous donnait des maîtres de sa main, oh! qu'il leur faudrait obéir de bon cœur! La nécessité et les événements en sont infailliblement2.» Et Desbiens deviendra frère et le restera envers et contre tout. Une fidélité d'autant plus admirable que la vie lui ouvrira les portes de la gloire après l'avoir durement frappé dans sa santé.

     Plusieurs années s'écoulent... et voilà que «peu après d'une année d'étude intense, je découvris que j'étais tuberculeux au dernier degré... C'était l'automne 1946, j'avais 19 ans.» Le seul traitement possible était, dans les années 1930, la cure dans un sanatorium jumelée à des manœuvres opératoires éprouvantes, pneumo-thorax et, dans les cas graves, thoracoplastie. Pendant plusieurs années,  Desbiens passera d'infirmerie en sanatorium. Ceux qui y entraient en ressortaient souvent dans leur cercueil. Lorsque la streptomycine fit son apparition en 1948, il put en bénéficier, «et ce fut à partir de ce moment que je commençai à remonter lentement la pente3».

     C'est à l'éminent psychiatre Henri F. Ellenberger (auteur d'une Histoire de la psychiatrie, devenue un classique) que nous devons l'utilisation de l'expression «maladie créatrice». Il désigne ainsi la créativité qu'une maladie mortelle surmontée fait jaillir chez certains écrivains ou artistes.

     Ses années d'hospitalisation marqueront de leur sceau la vie entière de Desbiens. Écoutons-le : «Le séjour au sana à un niveau plus profond ... donne occasion à un homme de déceler l'essentiel : c'est le temps de l'attention.» Une attention qui sera nourrie par une panoplie d'auteurs et d'oeuvres qu'il ne cessera jamais d'approfondir. Au premier rang, on s'en doute, les écrits bibliques, lecture quotidienne liée à sa pratique liturgique. Puis Léon Bloy, saint Léon Bloy comme il l'avait surnommé : «J'étais naturellement accordé avec ce contempteur féroce et excessif. Je ne le jugeais pas; je le buvais comme du lait4 Lecteurs français qui avez eu des maîtres ou qui avez baigné dans un climat de culture qui vous semblait aller de soi, ne serez-vous pas émerveillés par ce jeune homme condamné à mourir et qui, découvrant en solitaire sur les rayons d'une bibliothèque de grands penseurs et romanciers, les méditait et apprenait d'eux à exprimer sa propre philosophie?

     Autodidacte Desbiens? D'une certaine manière oui, même s'il a fait des études de philosophie qui le conduiront de l'université Laval à l'université de Fribourg où il obtiendra un doctorat de philosophie. Sans renier les expressions propres au Québec, il les expurgera, d'où ce qu'on appelle une patte, cette couleur inimitable et toujours reconnaissable qui est l'identité d'un écrivain ou d'un peintre authentiques. Dans l'un des nombreux livres qu'il publiera, il distingue la naïveté de l'enfant de la lucidité de l'homme mûr. Un être lucide peut-il être qualifié de naïf? Il doit lutter plutôt contre un pessimisme noir, celui d'un Cioran par exemple ou d'un Céline en qui Desbiens retrouvera aussi une pensée fraternelle. Il comparera Céline à Job. Mais un Job privé de foi en Dieu.

     Lui-même devra se prémunir contre le pessimisme. Au cours de sa carrière de journaliste et lorsqu'il publiera ses journaux, c'est toujours avec un regard transcendant qu'il analysera les événements du monde aussi bien que ceux de sa vie personnelle. Sans jamais dévier de ce réalisme dru qui est la marque des êtres humains qui ont connu le malheur : «Je vis sur deux ou trois certitudes qui fondent ma paix, sinon toujours ma joie. La liberté, c'est l'acceptation personnelle des déterminations qui nous grèventdès avant notre naissance et tout le long de la vie. C'est l'acte par lequel un homme s'arrache des limites qu'il s'est données ou qui lui ont été imposées, se dresse devant elles et dit : J'accepte... Dieu nous invente avec nous au fur et à mesure. C'est aussi cela la liberté5

     Desbiens a d'abord été célèbre pour son livre Les Insolences de frère Untel, recueil d'articles d'abord paru dans Le Devoir avec la complicité d'un grand journaliste, André Laurendeau. Un brûlot considéré comme la première mèche ayant allumé le feu de la Révolution dite tranquille. Il est hors de mon propos de décrire la complexe et passionnante aventure de ce livre qui fut vendu en quelques semaines à cent mille exemplaires et propulsa littéralement Desbiens sur la place publique, d'abord camouflé sous le nom de Frère Untel, une première indication du climat de fermeture et de peur qui prévalait alors au Canada français.

     Les autorités religieuses sidérées de voir un modeste frère dénoncer le climat de peur paralysant toute liberté de pensée dans divers domaines de la société, et tout particulièrement dans le monde de l'enseignement, réagirent en l'exilant à Rome. Ils le firent nonobstant l'immense vague d'appui aux dénonciations que faisait Desbiens de ce qu'il appelait l'omniprésence de «la troisième concupiscence» : la passion de la domination! Les Insolences s'attaquaient à cette domination d'une Église qui avait, en partie par la force des choses, envahi tous les domaines qui auraient dû relever du gouvernement de l'État. Cinquante ans plus tard, ce livre qui s'est vendu à des centaines de milliers d'exemplaires, à l'étonnement d'ailleurs des éditeurs et de l'auteur lui-même, est considéré, on le sait, comme l'élément déclencheur de ce qu'on a appelé la Révolution tranquille.

     Desbiens n'a eu aucune illusion sur le sort réservé à l'homme libre qu'il était. Dans la réédition des Insolences, il cite Unamuno s'adressant à Don Quichotte en lutte «à grands coups de lance de lumière magnanime (contre les) mensonges empestés pour délivrer les pauvres galériens de l'esprit; même s'ils doivent te lapider; car ils te lapideront, sois-en sûr, si tu brises les chaînes de la couardise qui les retient prisonniers, ils te lapideront.» Miguel de Unamuno, La vie de Don Quichotte et Sancho Pança6

    Avec le recul du temps, lorsqu'on relit ce livre, on est stupéfait du sort que ses supérieurs firent subir à son auteur. Car si les propos ont le caractère dru de la lucidité, particulièrement lorsqu'ils dénoncent la piètre qualité du français des élèves, ou les coutumes désuètes des communautés religieuses et surtout, la domination des autorités religieuses, paradoxalement, ils démentent le sens même du titre. Car ils sont faits sans l'injure propre à l'insolence. La sanction qui tombera sur Desbiens est la preuve a contrario de la justesse de ses critiques.

     Et l'on l'admire d'autant plus de s'être soumis, à une époque où une majorité des frères démoinera. La Révolution tranquille qui s'étendra dans l'ensemble de la province de Québec produira comme on sait l'éclatement des communautés. De son côté, Desbiens était attaché à sa communauté et il était terrifié à la pensée qu'on puisse l'en exclure. «Je n'ai jamais pensé à «démoiner», dira-t-il à plusieurs reprises. Sans révolte mais avec une grande tristesse, il voguera vers l'Europe et passera trois ans à Rome. Les détours du destin sont parfois bénéfiques. Desbiens pourra alors compléter sa formation de philosophe amorcée à l'université Laval, par un doctorat de l'université de Fribourg. :«Nous sommes toujours maîtres du sens que nous donnerons à nos vies7.» Il acceptera toute sa vie les postes qu'on lui confiera, sans bassesse, et surtout sans l'illusion qu'il s'y trouvait au paradis!

     De retour d'Europe, preuve qu'une liberté avait été acquise pendant les quelques années de son absence, on lui offrira un poste de conseiller du premier ministre de l'Éducation, Paul Gérin-Lajoie . Il sera l'un des acteurs principaux dans la réforme du système d'éducation qui aboutira à la création des collèges d'enseignement général (CEGEPS) en remplacement du cours classique. Il sera par la suite éditorialiste en chef de La Presse de 1970 à 1972 (où il jouera un rôle décisif dans la lutte contre les révoltes étudiantes des années 1970, une retombée du Mai 68 français !). Puis, par la suite, tout en continuant à accepter les offres de conférences et de participation à divers comités, il sera élu provincial de sa congrégation religieuse, directeur général du Campus Notre-Dame de Foy, etc.

     Le nom de Desbiens est-il irrévocablement et uniquement lié à la Révolution tranquille, aux Insolences qui l'ont déclenchée? Comme il arrive souvent, c'est le premier acte par lequel un être a été projeté sur la place publique qui le stigmatise pendant longtemps. Or, la raison première de cette courte biographie, c'est de diriger un faisceau lumineux sur le genre littéraire que cet homme si intense a par la suite privilégié, «le journal», qu'il publiera jusqu'à la fin de sa vie. C'était un passionné des mémoires, des autobiographies, des romans, comme ceux de Bloy, largement inspirés des événements, souffrances et joies d'une vie.

     «L'utilité d'un journal peut consister à montrer comment les craquements du monde trouvent leur écho dans une conscience individuelle... Il permet … de fixer sa propre pensée … Or, l'on sait comme la pensée est fugace; comme il est difficile parfois de remettre la main sur une idée que l'on a eue et qui nous a coulé entre les doigts, faute d'avoir été tout de suite épinglée... Là encore le titre d'un de ces journaux Se dire, c'est tout dire , est sybillin. Se dire, est-ce vraiment tout dire sur soi? Desbiens répond à ceux qui lui font reproche d'être prétentieux en publiant son journal : «Celui qui est vraiment humble s'échappe à lui-même, c'est un suicidé vivant : il a donné la mort à son amour-propre. » Et cet homme lucide s'épinglera lui-même à plusieurs reprises comme n'étant pas parvenu au sommet de l'humilité, et conclura : … «Ma prétention, c'est qu'il existe d'autres êtres comme moi8

     Dans sa préface des Insolences (réédition de 1988), Jacques Hébert remerciait Desbiens d'être un homme vrai, un homme libre. Homme vrai, il était sensible au succès de ses livres mais homme libre il était détaché de la gloire :«On n'écrit pas pour les arbres. On écrit pour être lu. Ce qui est en cause, c'est la qualité des échos que j'ai reçus à la suite de la publication du Journal d'un homme farouche ... Avoir rejoint une seule âme serait une récompense suffisante9.» Ici apparaît l'homme religieux qu'est essentiellement Desbiens. Religieux au sens étymologique du mot, religare, être relié aux autres, être relié à Dieu : «Dans une extrême angoisse existentielle (j'étais alors condamné par les médecins), j'ai dit au Seigneur : « Utilise-moi pour ta gloire, qui est le salut de l'homme. » Depuis, je n'ai cessé de répéter cette prière. J'ignore où elle me conduira, mais je n'ai pas peur de Dieu ; j'ai seulement peur de moi, de ma lâcheté, de mon égoïsme, de mon ombre sur moi-même10. »

     Quel regard jetterait-il maintenant sur une société qu'il a contribué à jeter dans la modernité en la libérant de contraintes paralysantes? Avec comme résultat, tant nous ignorons les conséquences de nos actions, une libération excessive, destructrice du passé. N'importe, dirait-il. «On a toujours sa liberté avec soi. … Nous sommes emprisonnés dans la liberté. … La condition humaine c'est la condition d'êtres libres. Il s'agit de comprendre que la liberté n'est pas en arrière, mais quotidienne; il s'agit aussi de comprendre qu'on n'est pas libre pour rien; on est libre pour des valeurs. Une vie se dissout si elle n'est pas voulue comme témoignage des valeurs... Toute la question se ramasse à ceci : autour de quelles valeurs décidera-t-on d'unifier sa vie? … cette question-là est posée à tout homme11

     Jean-Paul Desbiens est décédé en 2006. Plusieurs de ses livres auraient connu le triste sort du pilonnage si le frère Laurent Potvin, qui a été l'un de ses professeurs, avec le concours de Les Classiques des sciences sociales ne les avait pas archivés en ligne dans ce site exceptionnel, sauvegarde de milliers de livres d'auteurs québécois. Une liste exhaustive des livres de Desbiens s'y trouve:  http://classiques.uqac.ca/contemporains/

     Cette trop courte recension ne me permet pas de m'arrêter à chacun des journaux de Desbiens; en particulier à celui de son séjour d'étude de plusieurs mois à Jérusalem publié sous le titre de Jérusalem, terra dolorosa. Mais tous sont passionnants, même lorsque les pensées et réflexions surgissent au milieu des notations en apparence banales de sa vie quotidienne : visites d'amis inconnus du lecteur, voyages en autobus ou en train vers les lieux de ses conférences (car il a aussi été un conférencier recherché). Et lorsqu'il fut provincial de sa congrégation religieuse, ou directeur général du Campus Notre -Dame de Foy, c'est avec une franchise désarmante et une solitude évidente qu'il raconte les petites mesquineries de la vie communautaire. On aime le suivre lors de ses promenades quotidiennes hivernales sur ce lac Saint-Jean dont il a tant célébré la vie tumultueuse ou lorsqu'il décrit les vols des hirondelles dans le nid de son balcon. Style vif, dru, dur parfois, reflétant la vie et les êtres vivants sous toutes leurs couleurs, des plus sombres aux plus lumineuses. Son regard sur les choses et les êtres est celui d'un visionnaire pour qui il n'existe pas de détails insignifiants. Il a aussi le don de briser une critique trop virulente par un coup d'humour qu'il s'adresse à lui-même : «calme-toi mon petit lapin bleu».

     Dans son journal Les années novembre, (1993-1995) publié au Éditions logiques en 1996 on trouve en annexe ses conférences ou causeries, lesquelles ont toujours une qualité d'écriture et une densité spirituelle au-delà de l'événement qu'on lui a demandé de célébrer : anniversaire d'un vieux frère, anniversaire du mariage d'un couple ami, etc. Et dans L'actuel et l'actualité, une sélection des articles publiés dans le journal La Presse. Voici comment il s'explique sur ce titre dans son avant propos : «...j'ai toujours la préoccupation de m'affranchir de l'actualité en tâchant à rappeler l'actuel. L'actuel, c'est ce qui est toujours en acte, toujours agissant. Or, le passé et l'avenir sont toujours agissant, toujours actuel... Rien ne pousse sans avoir été semé ; rien ne se produit sans conséquences. Quand on cherche le point d'intersection entre l'actuel et l'actualité, on entrevoit le fil conducteur des événements. L'histoire humaine n'est erratique qu'en apparence12

     Je conclus par quelques pensées tirées pour la plupart du Journal d'un homme farouche . (voir http://classiques.uqac.ca/contemporains/desbiens_jean_paul/desbiens_jean_paul.html). On trouve aussi sur ce site un florilège de pensées tirées des autres livres de Jean-Paul Desbiens.

    Pensées

     

             La vie humaine, la vie en société est un vaste circuit de délégations. Les uns sont délégués à l'héroïsme (les saints) ; les autres sont délégués à l'expression (les poètes) ; d'autres sont délégués à la pensée (les philosophes, les écrivains) ; d'autres encore, à l'organisation de la cité (les hommes politiques) ; etc. Mais chaque délégué, à son tour, dépend de plusieurs autres délégations. je ne peux écrire, par exemple, que si d'autres délégués remplissent leur office. Et cela va jusqu'au vidangeur.

            La culture : Réitérer (de iter « chemin »). Ce qui n'est pas réitéré, remis dans le trafic des idées et des sentiments, meurt. La culture pour l'essentiel, c'est la répétition, la remise en circulation des trésors de l'humanité. Non pas une répétition mécanique, mais une répétition réappropriée, interprétée. On doit maintenir La Fontaine dans la circulation de la culture française.

            Vérité : Si nous gouvernions les mots, comme un pilote est bien obligé de gouverner son avion, il n'y aurait plus de mensonge.

             La conversation est un filtre où se déposent les âmes qui s'y engagent.

            La foi : pour Jünger, il s'agit d'un instinct d'ordre supérieur, une orientation de l'âme vers la transcendance. « Elle n'a rien à voir avec le savoir, ni avec le vouloir, bien que tous deux soient déterminés par elle. On ne peut pas prouver ce que l'on croit ni croire ce que l'on prouve.

            Solitude : Il faut de temps en temps user sa solitude, comme on use une pierre précieuse, pour la faire resplendir.

            La prière n'est pas de la magie. Dieu ... répond toujours.  C'est d'ailleurs ce que je crois. La prière agit dans les zones supérieures, hors du temps. Donc, selon notre condition d'homme, avant, après ou pendant. Les catégories du temps n'ont rien à voir avec la prière.

            Témoignage :Dans une extrême angoisse existentielle (j'étais alors condamné par les médecins), j'ai dit au Seigneur : « Utilise-moi pour ta gloire, qui est le salut de l'homme. » Depuis, je n'ai cessé de répéter cette prière. J'ignore où elle me conduira, mais je n'ai pas peur de Dieu ; j'ai seulement peur de moi, de ma lâcheté, de mon égoïsme, de mon ombre sur moi-même.

            Sur un ami : Cet homme est terrible. C'est une âme d'acier. D'ailleurs, il a les yeux bleus. Non pas qu'il soit impitoyable, bien au contraire, mais en ceci qu'il est résistant au doute. je dis : résistant au sens où l'on dit que le verre est inattaquable, sauf par l'acide ou le diamant. Le mot juste serait : in-rayable. Les hommes de ce genre peuvent risquer tous les gouffres, car ils sont encordés à un piton infrangible qui est le diamant de leur certitude centrale. Les hommes aux yeux de chien, comme moi, tendent sans cesse vers l'autre, mendiant l'accueil.

             À un ami : Tu as eu de la peine, dimanche dernier. J'ignore pourquoi, mais je salue la peine qui est en toi et ta peine salue ce qu'il y a de grand en toi. 

             Notre langue : La décomposition de la langue : un bien commun livré à la pâture. Chacun broute la largeur de sa bêtise.

             Le pardon :Pardonner, ce n'est ni excuser le mal ni oublier le mal ; c'est ouvrir un avenir en refusant de réduire et d'enfermer l'offenseur dans son mal, dans le mal qu'il a fait. Pardonner, c'est le propre de Dieu ; c'est un geste créateur. Mieux, c'est un geste re-créateur. 

            Égalitarisme : puisque très peu peuvent atteindre l'excellence, nivelons tout le monde. Puisque Vélasquez est inégalable, faisons tous du coloriage.

             Enseignement : La pédagogie n'est pas au-dessus des savoirs constitués, des savoirs décisifs. Pour enseigner la physique, il faut savoir la physique et être pédagogue. Jamais l'inverse.

            Féminisme :Le féminisme comme fanatisme : position trop incertaine pour pouvoir se permettre le doute. On ne peut se permettre de douter que sur l'assiette d'une certitude. Sinon, on crie.

          Télévision : l'impitoyable médium de la fugacité.

          Trois torsions :Le réductionnisme en science ; le fondamentalisme en religion ; le fanatisme en politique, trois manières de tordre la vérité et la vie.

           Incarnation :Dieu, amour infini, ne pouvait pas ne pas donner. Il nous a donnés nous-mêmes à nous-mêmes. C'est le plus qu'il pouvait faire. Et cela impliquait l'Incarnation et la Rédemption. La décision de l'Incarnation (si l'on peut parler en ces termes) est antérieure à la création des anges mêmes.

          Religion et vérité : Ne racontons pas d'histoire : la première, la seule question qui compte en religion, ce n'est pas une question de sainteté, mais de vérité : est-ce que tout cela est bien vrai ? Car rien, absolument rien n'est visible. La grande angoisse augustinienne : " Si tu comprends, ce n'est pas Dieu "... Alors on voit ce que c'est que la foi. Sur l'essentiel, il faut dire oui dans la nuit (Père Couturier, 1941).

          Le silence : D'aucuns tuent le temps, comme on dit ; d'autres tuent le silence. N’importe quoi, plutôt que le silence. ils abolissent la possibilité même d'un contact un peu vrai. Le silence est un terrible conducteur de sens.

           La foi : Il faut plus de foi pour lire Dieu en filigrane que pour le lire en caractères gras.

           Amour. '' Si tu connaissais tes péchés, tu perdrais cœur. ''(Pascal) En fait, on ne connaît son péché qu'à mesure que l'on aime. Et dans cette condition, on ne perd pas cœur. Judas a perdu coeur ; Pierre, non.

          Sur-vie :Bergson disait (je cite de mémoire) : C'est au moment où l'on saurait vivre que l'on meurt. Il voyait là une '' preuve '' de l'immortalité. Il y a longtemps que j'ai été conduit à penser qu’il faut une '' autre vie'' pour équilibrer, réparer les injustices, les mensonges, les erreurs, les écrasements de l'homme depuis le fond des âges. (Dernière Escale, 2004-2005 (2006, année de la mort de Desbiens).

          Mal : Samedi saint. Jésus souffrait pour guérir notre mal ; je souffre du mal que j'ai fait aux autres.

          Prière :Tout compte fait, jusqu'à ce jour, j'ai peu souffert dans ma chair. C'est dans mon esprit, ma tournure d'esprit, que je souffre. Je suis ma propre croix. Enchaîné à moi-même, seul ton amour peut me délivrer, Seigneur.

     


    Notes

    1. Sous le soleil de la pitié, Les Éditions du jour, Montréal, 1965, p .43.

    2. Ibidem, p. 46

    3.                  Ibidem, p.55.

    4.                  Ibidem, p.56.

    5.                  Ibidem, p.73,74.

    6.                  Les insolences du Frère Untel, réédition annotée par l'auteur, p. 23.

    7.                  Sous le soleil de la pitié, p. 71.

    8.                   Se dire, c'est tout dire (journal), Les Éditions L'Analyste, 1989, p. 9,10,11..

    9.                  Le journal d'un homme farouche, (1983-1992), Éditions du Boréal, 1993, p. 17.

    10.              Ibidem, p. 112.

    11.              Sous le soleil de la pitié, p. 76.

    12.              L'actuel et l'actualité, les Éditions Le Griffon d'argile, 1986, p. 2.

    Liste complète des écrits:   Desbiens :http://classiques.uqac.ca/contemporains/desbiens_jean_paul/desbiens_jean_paul.html

    Date de création: 2013-12-26 | Date de modification: 2013-12-28

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    L'auteur
    Date de création:
    2013-12-26
    Dernière modification:
    2013-12-28
    Extrait
    Aux yeux d’Hélène Laberge, il est l’écrivain québécois le plus incarné. La sensibilité et l’esprit s’unissent aussi de façon exceptionnelle chez Pierre Vadeboncoeur, par exemple, mais aujourd’hui le Frère un tel est le choix d’Hélène Laberge; elle nous fait redécouvrir en montrant que ses insolences n’avaient rien d’insolent et que le temps qui passe efface les ombres qui ont trop longtemps obscurci une gloire qu'il mérite aussi bien en tant qu'homme d’action qu'en tant qu'écrivain.

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    PandémieSite de l'OMSSur ce site Web, vous trouverez des informations et des conseils de l'OMS concernant la flambée actuelle de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) qui a &eacut...
     Chers américains, autant vous êtes insuportables, terrifiants même quand vous vous assimilez aux robots et rêvez d’une immortalité sur disque dur, autant vo...
     Ce texte fait partie d'une série d'articles regroupés sous le titre général de Quatre articles convergeant vers la critique du narcissisme.Aux origines de la dé...
    Comment faire en sorte que nos écoles forment des êtres vivants? Comment éduquer pour la vie? En éduquant par la vie.Ce qu'a fait le fondateur du collège de la Pocati...
    Par Jean Onimus « Enthousiasme, Oh! mot aux grandes ailes, mot affolant qui fait battre le cœur à grands coups, mot qui enlève, exalte, emporte, arrache vers les é...
    Esthétique et education réflexion à partir de l’éducation esthétique de Schillerpar Chantal LapointePremière partie« L’utilité est la...
    Frédéric Back ou la vie plus forte que l’envie, par Jacques Dufresne Mort de notre ami Frédéric Back, la veille de Noël 2013, juste avant une fête semblabl...
     BACHELARD, UNE ANTHROPOLOGIE DE L’HOMME INTEGRAL  par Jean-Jacques Wunenburger *Quand les nombres et les figuresNe seront plus la clef de toute créature,Quand, par les cha...
    Joseph Weizenbaum (né à Berlin le 8 janvier 1923 et mort à Berlin le 5 mars 2008) est un informaticien germano-américain. Il fut professeur émérite d'informat...
     par Hélène Laberge « En matière d'art, l'érudition est une sorte de défaite : elle éclaire ce qui n'est point le plus délicat, elle ap...
    Art populaire Une histoire des débutsUn livre de François TremblayCompte-rendu de Hélène LabergeDirecteur fondateur du Musée de Charlevoix, François Tremblay ...
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    « L'homme, exilé sur la terre, est maintenant exilé de la terre ».G.T.En 1998, je publiais Après l'homme le cyborg? C'était un cri d'indignation accompagn&eacut...
    Quel est la responsabilité du géographe dans l’éloignement de l’homme par rapport à la terre, un éloignement créateur d’indifférence ...
    «Un jour comme celui-ci, je prends conscience de ce que je vous ai dit en cent occasions – que le monde est très bien comme il est. Ce qui ne va pas, c’est notre manièr...
    La Ferme Berthe-RousseauPour vous y rendre (1), faites très attention à l'écriteau indiquant Moulin de la laine, tout de suite à droite vous traversez un petit pont de bois...
    Naissance de la musiqueLa musique n'a plus de frontières. Orphée ne chantent plus seulement pour Euridyce, il charme tous les hommes. Ceci grâce aux progrès accomplis dans l...
     Philosophe de formation, Jacques Dufresne a marqué la vie intellectuelle québécoise des cinquante dernières années. Au cours de ce demi-siècle, sa pr&ea...
    «Un bon esprit doit ressembler à une broussaille plutôt qu'à un herbier.» AlainExiste-il une vie intellectuelle? Pas au sens d’occupation, de travail, d’act...
    Voici un texte essentiel sur cette vie subjective, que nous appelons souvent la vie comme qualité sur ce site.« La vie subjective d'un côté, la réalité physique...
     L’art d’imiter la natureLe biomimétismeAndrée Mathieu et Moana LebelÉditions MultiMondes, 2015Commentaire de Jacques DufresneSi vous aviez cherché biomim&...
    Pierre Bertrand, philosophe québécois prolifique est l’invité de la Compagnie des philosophes à sa rencontre du dimanche 1er février 2015. Nous profitons de l&...
     Certains articles de journaux, rares il est vrai, sont des événements qui marquent un tournant de l’histoire ou un changement de mentalité. C’est le cas de l&rsq...
    par Jacques Grand'Maison« Si le mot que tu veux ajouter n'est pas plus beau que le silence, retiens-le », disait un mystique soufiste.Présence et silence s'appellent l'un l'autre. S...
    Nous étions amis, nous avions vingt ans, nous avions lu Nietzsche, nous étions implacables. Le conférencier devant nous, sûr de posséder la vérité, plus...
    Notre dossier de la rentrée La radicalité consiste à remonter jusqu’à la racine d’un mal pour en trouver le remède, l’extrémisme (comme...
     Deathist. C’est le mot que le Ésope du transhumanisme, le suédois Nick Bostrom, utilise pour fustiger ceux qui de Socrate à Rilke ont fait de la mort une alliée...
    UN SIÈCLE DE PENSÉES CONVERGENTESC’est le climat qui est le sujet de la conférence de Paris et c’est la question de la limite qui en sera l’enjeu principal : lim...
    Pays, paysan, paysage Suite aux élections québécoises du 7 avril dernier, marquée par la défaite du Parti québécois et de son projet souverainiste...
    PENSER LA SCIENCE L’analyse du rôle joué par la science dans la société contemporainepar Ber...
    Crise économique, réchauffement climatique, événements extrêmes, pic pétrolier, pic de la plupart des métaux. Suivrons-nous le conseil de Sén&egr...
    La question du rythme que nous abordons ici est complexe et peut conduire à des excès, ce dont il faut être bien conscient. Nous nous limitons ici à une introduction dans le...
    Ne pas confondre avec signes vitaux. Quand une personne nous donne signe de vie, elle ne nous décline pas l'état de ses signes vitaux : température, pouls, respiration et pression...
    Cet article de Françcois Tremblay sur l'art naîf et sur l'oeuvre de Solange Hubert, a d'abord paru dans MAGAZINART, été/automne 2011.« Art naïf, art populaire, ar...
     Les idéologies du sportpar Gabor Csepregi               Gabor Csepregi, athlète et philosophe, est l’aut...
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    Au moment oû les hommes considéraient la terre comme un lieu de passage, ils y construisaient pour l'éternité; ils l'ont transformée en terrain de camping à p...
    L’automobile est rarement un objet de réflexion, même si elle occupe dans nos vies et sur notre planète une place démesurée. Réfléchir sur une cho...

    L'emmachination

    Quel est, se demandait René Dubos, l'envers de cette extraordinaire adaptabilité qui est pour les humains un avantage indiscutable par rapport aux autres espèces? Il y a, ré...
    La toxine botulique ou botox est produite par la bactérie Clostridium botulinum laquelle est une molécule paralysante et le plus puissant poison connu à ce jour. Les ophtalmologis...
    Désincarnation. Ce mal indolore, invisible et silencieux résulte de la montée du formalisme dans une civilisation ou une personne. L’accès à la propriét...
    L'emmachination est le fait, pour un être vivant de s'assimiler à la machine. Pour ce qui est de l'être humain, elle est le contraire de l'incarnation. L'incarnation est la tendance...
    Google vient d’adhérer au transhumanisme. Faut-il s’en étonner? Son siège social est voisin de la Singularity University fondée par Ray Kurzweil.La dénat...
    Humanisé par votre portable?Par Jacques DufresneIl porte trois noms en français. Vous l’appellerez cellulaire si vous avez le sentiment qu'il vous enferme dans une cellule, mobile ...
     Les insectes dans l'Encyclopédie de l'AgoraLe point sur le déclin des insectes
     L’euthanasie et la PMA en contexte Relier pour comprendre On peut certes isoler une plante et l’étudier en laboratoire, mais on ne la connaîtra complète...
    La PMA ou la médecine sans limitesPar Jacques Dufresne Ovules importés des États-Unis par catalogue, mère porteuse sollicitée en l’absence de tout encadre...
    Dans la perspective de ce portail Homo Vivens, le chiffre et l'argent sont indissociables. Ce sont des signes dont l'importance croissante, démesurée, réduisent l'homme et ses sen...
    Stéphane StapinskyLe texte suivant, extrait d’un document intitulé  « Trois jours chez les transhumanistes » produit par l’équipe du site Pi...
    Tout le monde, ou presque, emploie maintenant les mots conscience et intelligence aussi bien à propos des ordinateurs que des humains et en tenant pour acquis qu'il s’agit des mêmes...
    On a accès à un nombre croissant de nouvelles devant lesquelles on se demande comment les évoquer, pour les critiquer, sans obtenir l\'effet contraire : qu'on en parle davantage d...
     La médicalisation est la prise en charge systèmatique de la santé des gens par des experts appartenant à la profession médicale.Ce phénomène aujo...
    De hatsu premier son et miku futur, Hatsune Miku est une chanteuse ayant toutes les caractéristiques d'une diva sauf une : la vie. Elle est un hybride composé d'une voix synthétiq...

    La robotorie

    Dans l'état actuel des choses, en janvier 2012, nous nous opposons énergiquement au déploiement d'un réseau de compteurs d'électricité ''intelligents'' au Qu&...
    En 1965, dans le cadre des Rencontres internationales de Genève, eut lieu un colloque mémorable intitulé Le robot, la bête et l'homme. Entre autres, Jacques Monod, Ernest An...
    Par analogie avec animalerie et ménagerie. L'animalerie évoque l'entière soumission de l'animal à l'homme, elle est cette antichambre du laboratoire où les animaux u...

    La nouvelle espèce

    Ce livre, paru en 1999, est l'une des premières réflexions en langue française sur cette question du posthumanisme devenue depuis un sujet majeur. Il a été éc...
    Article de l'Encyclopédie de DiderotAUTOMATE, s. m. (Méchaniq.) engin qui se meut de lui-même, ou machine qui porte en elle le principe de son mouvement.Ce mot est grec αὐτόμ...
    De nombreux scientifiques, dont plusieurs sont à l’origine de l’ordinateur et d’Internet, ont tantôt réclamé, tantôt proclamé l’av&egrav...
    Pour une vue d'ensemble de la question, nous vous invitons à consulter le dossier eugénisme de l'Encyclopédie de l'Agora.On a cru un moment, en Occident du moins, que l'eugé...
    Crise économique, réchauffement climatique, événements extrêmes, pic pétrolier, pic de l'or, pic du cuivre, pic du fer... Face à ces limites, le d&eacut...
    L’IA (intelligence artificielle) et le transhumanisme forme un couple solide. On imagine mal un transhumaniste qui ne serait pas aussi un inconditionnel de l’IA; quant aux spécialis...
    Les Jeux Olympiques dans l'Antiquité (Pierre de Coubertin, 1863-1937)«Il est probable que la création des Jeux Olympiques fut due aux Pisates, premiers possesseurs de la vallée de l'Alphée. Mais les O...
    Voici un texte écrit en 1995 qui éclaire de façon singulière les questions que nous soulevons dans ce portail Homovivens.« Progrès accéléré...
    Plus l'humain ressemble au robot plus il se reconnâit en lui; ce qui aide à comprendre pourquoi une comparaison entre l'homme et le robot qui aurait provoqué l'indignation de Berna...
    Nos rites funéraires sont en crise, il y a de moins en moins d’inhumation, de plus en plus de crémation, les cérémonies de funérailles, quand il y en a, ont pa...
    Nous retenons ici les deux principaux sens que le FLF donne au mot anticipation« A.− [L'anticipation concerne une action] Réalisation de cette action avant le moment attendu ou pr&e...
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    Dans l’histoire des ordinateurs, le mathématicien anglais Alan Turing a joué un rôle de premier plan. On lui doit notamment la machine qui porte son nom. Il s’agit d&rs...
    Le concept de posthumanisme est encore flou. Pour le moment chacun peut lui donner le sens opposé à celui qu'il donne au mot humanisme, ce qui nous autorise à prendre notre propre...
    Selon Ray Kurzwei, avec l'avènement de l'ordinateur, l'homme se précipite vers un nouveau big bang programmé pour éclater en 2045. Il a même donné un nom &agra...
    Der Spiegel en guerre contre la Silicon ValleyLa vallée de l’avenir…de l’humanité?¿Quién manda en el mundo? Qui commande,1 qui commandera dans le monde, ...
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