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    L'homme assis: la grande révolution méconnue

    Jacques Dufresne


     

    Se dresser, se tenir debout et marcher en regardant le ciel. Cette transition entre l’ancêtre quadrupède (était-ce bien le singe?) et le bipède appelé homo sapiens aurait commencé il y a trois millions d’années selon certains savants, il y a huit millions d’années selon d’autres, c’est-à-dire à la fin d’une évolution où les quadrupèdes semblaient satisfaits de leur sort depuis 200 millions d’années Nous assistons depuis quelques décennies à l’avènement de l’homme assis. Compte tenu des liens étroits entre la station debout, la marche, le développement de l’intelligence et de l’affectivité, c’est là une grande involution. Méconnue.

     Méconnue, sauf de quelques penseurs dont Rebecca Solnit, auteure de Wanderlust[1], un livre sur l’histoire de la marche aussi pénétrant que dénué de prétention. Après un tour d’horizon qui la conduit de Pétrarque (le premier occidental selon elle à escalader une montagne, le Ventoux en Provence) à Rousseau puis de Wordsworth à Walter Benjamin, Rebecca Solnit évoque le moment précis – quelques décennies, par rapport à des millions d’années, sont un moment précis – où les hommes ont cessé de marcher, parce que ce n’était plus nécessaire et sans doute aussi parce qu'ils étaient fatigués.

    Ce moment de rupture dans l’évolution de l’espèce humaine sur la planète terre a coïncidé avec les premiers pas de l’homme sur la lune. Rebecca Solnit, pour faciliter la tâche des futurs historiens, situe l’avènement de l’homme assis… et transporté, en 1970. Assis dans un train, puis dans une automobile et dans un avion. Transporté comme un paquet : «Le corps n’est rien de plus qu’un paquet en transit,  une pièce d’échec déplacée d’une case à une autre.»[2] 1970, c’était aussi aux États-Unis, l’heure de gloire des banlieues et de leurs rues sans trottoirs.

     Comment se fait-il que cette involution, marquant la fin d’une étape décisive dans l’histoire de l’homme, soit passée inaperçue? On me dira qu'il s’agit d’une interruption partielle et de courte durée sans grande signification à l’échelle de l’évolution. Par l’ensemble des liens qu'elle établit entre la marche et la culture, Rebecca Solnit nous donne de bonnes raisons d’être d’un autre avis.

     Mais avant la marche et à jamais liée à elle, il y a la station debout. Quand, comment, pourquoi cette surrection eut-elle lieu? Quand? Le squelette de Lucy, vieux de 3,2 millions d’années et découvert en Éthiopie en 1974 marquerait son commencement. Ce squelette présente un mélange assez vraisemblable de traits de quadrupède et de traits de bipède pour qu'on le considère comme une preuve de la mystérieuse transition. Il semble bien en effet que nos ancêtres aient été à la fois quadrupèdes et bipèdes avant de renoncer à grimper dans les arbres pour courir plus vite.

     Pourquoi? «Not in innocence, not in Asia, was man born,» écrit Robert Ardrey dans African Genesis. Voici le chasseur agressif. Mais pourquoi chassait-il avec tant d’ardeur, souvent dans un milieu hostile qui n’avait rien de paradisiaque? Parce qu'à la grotte, une femme mangeait de la viande. De nombreux commentateurs établirent un lien entre la théorie de Ardrey et l’histoire de Ève. Dans un cas, elle avait mangé le fruit défendu, dans l’autre de la viande, mais dans l’un et l’autre cas, le couple fut chassé du paradis! Ève faisait ainsi son entrée dans la science de nos origines, pour y rester. L’étude des gènes ayant remplacé celle des ossements, on inventa la Ève mithocondriale.

     L’homme de Piltdown, exhumé au début du XXe siècle, avait l’avantage d’être anglais, mais on découvrit cinquante ans plus tard qu'il avait l’inconvénient d’être faux. Ce canular fit la joie des créationnistes qui y virent la preuve que le fameux chaînon manquant n’avait pas été trouvé.

     Quels avantages les mêmes ancêtres tiraient-ils de leur surrection? Les explications sont tout aussi fantaisistes les unes que les autres. Les organes génitaux devenaient visibles. Voilà pour le mâle un moyen d’intimider ses adversaires, dira l’un. Voilà plutôt un moyen, dira l’autre, de séduire la femelle et de transmettre ses gènes à un plus grand nombre de descendants. Freud n’avait pourtant vu dans la même exhibition que l’origine du sentiment de honte. L’hypothèse de la réfrigération paraît plus solide: debout on offre moins d’espace de son corps au soleil à l’heure du midi surtout et on peut courir plus longtemps avec le même thermostat intérieur. Selon Owen Lovejoy,[3] la famille nucléaire actuelle serait apparue avec les premiers pas de l’homme. Le mâle chassait, dans la savane africaine, avec ses mains libres, il pouvait rapporter le gibier à sa femelle cueilleuse et pour s’assurer de la meilleure descendance possible, il avait intérêt à ne travailler que pour elle…et à lui être fidèle. Au moment où la coopération s’imposa comme facteur de l’évolution, apparurent des hypothèses selon lesquelles l’homme chasseur se donnait ce mal pour apporter la viande nécessaire à un grand repas communautaire.

     Rebecca Solnit a publié son livre en 2000. Depuis, comme nous l’apprend une vidéo[4] récente  diffusée sur Arte,  certains dogmes, dont celui de la savane, ont été contestés, notamment par une constellation de jeunes paléontologues européens gravitant autour du Berlinois Carsten Niemitz, lequel est persuadé que c’est au bord de l’eau que les premiers hominidés ont appris à se tenir debout et à marcher. Jusqu’à ce jour, je résume son propos, les chercheurs ont trop misé sur l’observation des grands singes. On sait pourtant qu'’au cours de l’évolution les singes et les hominidés se sont séparés peu avant l’apparition de la bipédie. Huit millions d’années plus tard les chimpanzés sont aussi éloignés des hominidés qu'ils le sont de nous. Niemitz considère donc qu'on en apprend autant sur le comportement des premiers hommes en observant le comportement de nos contemporains qu'en étudiant celui des chimpanzés. Il s’est donc allongé sur les plages de Berlin pour observer les baigneurs. Il pouvait tabler sur des faits incontestables : les hommes aiment l’eau, une maison située près d’un lac, d’une rivière ou d’un fleuve vaut plus cher qu'une maison de banlieue quelconque. Les hommes aiment aussi le poisson et la chair des coquillages. On a même de bonnes raisons de croire que la chair des poissons est celle qui convient le mieux à l’organisme humain. De nombreux chercheurs, étudiant la question sous des angles différents, dont celui du développement des 200 muscles mobilisés par la marche, lui ont donné raison. Il évite heureusement de reproduire l’erreur des anciens paléontologues. Notre hypothèse dit-il n’en est qu'une parmi d’autres.

     Une chose est certaine, la station debout et la marche étaient pour la nouvelle créature des avantages incontestables et pas seulement sur le plan biologique, ce que Grecs et Romains ont bien compris. Voici à ce sujet le témoignage d’Aristote et celui d’Ovide.

      Arisote :«L'espèce humaine jouit de cet avantage, puisque, de tous les êtres à nous connus, l'homme seul participe du divin, ou du moins il en participe plus que tous les autres êtres.[…]

    Il est le seul être chez qui les parties mêmes dont la nature l'a formé sont précisément dans l'ordre naturel; le haut dans l'homme est dirigé vers le haut de l'univers, et l'homme, entre tous les animaux, est le seul qui se tienne droit.»  [5]

     Ovide «Un être plus noble et plus intelligent, fait pour dominer sur tous les autres, manquait encore à ce grand ouvrage. L'homme naquit : et soit que l'architecte suprême l'eût animé d'un souffle divin, soit que la terre conservât encore, dans son sein, quelques-unes des plus pures parties de l'éther dont elle venait d'être séparée, et que le fils de Japet, détrempant cette semence féconde, en eût formé l'homme à l'image des dieux, arbitres de l'univers; l'homme, distingué des autres animaux dont la tête est inclinée vers la terre, put contempler les astres et fixer ses regards sublimes dans les cieux. Ainsi la matière, auparavant informe et stérile, prit la figure de l'homme, jusqu'alors inconnue à l'univers.»[6]

    Quand cette fierté est-elle apparue et à quel endroit? Le saurons-nous jamais? Célébrons l’événement avec prudence. Il semble en effet avéré qu'il y a eu des pré humains à la stature verticale qui ne possédaient pas les facultés reconnues à l’homo sapiens.

     On est tenté de croire que ceux qui possédèrent ces qualités éprouvèrent une joie débordante laquelle pourrait bien être à l’origine de la danse. On peut soutenir avec plus d’assurance que le lien entre la tenue et l’humanité remonte à la surrection : l’homme le plus accompli est celui qui se tient droit le plus dignement, qui redresse sans cesse une tête et un corps qui menace toujours de tomber. «La vie, disait Paul Valéry, est la chute d’un corps.»

     «Ce n’est pas une âme, ce n’est pas un corps, c’est un homme», dira Montaigne, qui ajoutera : «L'âme qui loge la philosophie doit par sa santé rendre sain encores le corps. Elle doit faire luire jusques au dehors son repos et son aise; doit former à son moule le port extérieur, et l'armer par conséquent d'une gracieuse fierté, d'un maintien actif et allègre, et d'une contenance contente et débonnaire. La plus expresse marque de la sagesse, c'est une esjouïssance constante: son estat est comme des choses au-dessus de la lune: toujours serein».

     Pour donner raison à Montaigne il suffit de regarder les portraits des hommes et des femmes de son époque dont la tête pour être encore plus droite que par la seule dignité qui vient de l’âme est soutenue de l’extérieur par une fraise.

     Voilà le programme d’éducation le plus simple et le plus fondamental : être homme c’est revenir constamment à sa position d’origine, c’est participer par sa tête tournée vers le ciel à la sérénité et à la lumière du monde sublunaire.

     Cette vision du  monde était celle d’Aristote et de Ptolémée. En dépit de sa fausseté, elle avait d’heureux effets sur l’homme.

     Aujourd’hui, on se soucie plus de son confort que de sa tenue. L’homme aurait-il tendance à s’effondrer depuis que sa planète a perdu son statut de centre du monde et qu'il se sent tout petit dans un univers en expansion qui l’angoisse et l’écrase? « Le silence éternel des espaces infinis m’effraie.» (Pascal)

     Mais en réalité la tenue a encore plus de sens dans ce nouveau contexte. «L’homme n’est qu'un roseau mais c’est un roseau pensant.» Plus il se sent fragile, menacé, plus il a de raisons de se tenir.

     La tenue est aussi la condition de la marche. Voyez le bébé. Ne pouvant se tenir, il a besoin de s’appuyer sur des objets autour de lui pour se lancer dans la grande aventure. Grande aventure en effet. Quand il lance un pied en avant, il doit se tenir en équilibre sur une seule jambe. Il tombe souvent. La marche est une catastrophe constamment évitée.

     Certes, on marcha d’abord par nécessité, mais le plaisir dut bientôt se joindre à l’utilité en bien des occasions, comme dans ces tours de France que faisaient les compagnons en allant de maître en maître. Les philosophes, et les prophètes encore davantage, ont aimé et pratiqué la marche avec un mélange de plaisir et d’utilité difficile à départager. Chacun se souvient des marches de Gandhi et de Martin Luther King. Un autre disciple de Gandhi, Satish Kumar, passa une grande partie de sa vie à marcher, à l’occasion pour la paix, vers les grandes capitales, le plus souvent sans destination. Il est l’auteur d’un livre intitulé Path Without Destination The Long Walk of a Gentle Hero«Être sur les routes, écrit-il après tant de marcheurs mystiques, est dur pour le corps mais fournit à l’âme une occasion de déployer ses ailes et libère l’esprit.» Satish Kumar fut l’un des fondateurs du Schumacher college en Angleterre.

     Mais attention, la marche ne confèrent pas la sainteté. De tous les philosophes, les cyniques qui comme Jésus n’avaient pas de pierre où poser leur tête, furent sans doute les plus grands marcheurs… et les plus éloignés de la sainteté. Et il y a sans doute beaucoup plus d’êtres humains qui ont marché pour la conquête de nouveaux territoires que pour la conquête de leur âme. Au cours d’une seule marche, parmi de nombreuses autres campagnes, les soldats de Jules César traversèrent l’Italie, les Alpes, le sud de la France, les Pyrénées et l’Espagne. Nos coureurs des bois ont aussi leur place dans l’histoire de la marche, Pierre Esprit Radisson se rendit à trois reprises depuis Québec sur les territoires de la Baie d’Hudson, en passant par les grands lacs. Il est vrai qu'il canotait plus souvent qu'il ne marchait.

     Jésus dut bien avoir une prédilection pour ces itinérants, mystiques ou brigands, car il n’a pas compté ses pas. Plusieurs fois par année, il allait de la Galilée et à la Judée en traversant la Samarie. À pied, souvent sous un soleil sans pitié. Or la distance entre Nazareth en Galilée et Jérusalem en Judée est de 146 kilomètres. D’où l’importance dans sa vie de la cérémonie du lavement des pieds.

     Jésus marchait pour remplir sa mission. La marche en tant qu'art, pour l’amour de la nature, n’apparaîtra à l’état pur en Europe qu'à la fin du dix-huitième siècle. C’est au poète anglais William Wordsworth que Rebecca Solnit accorde le mérite d’avoir établi cette pratique sur des bases si solides qu'elle devint l’une des caractéristiques du XIXe siècle, lequel fut pourtant aussi le siècle du charbon. L’élite anglaise se consolait de la grisaille de ses villes en lisant les poèmes de Wordsworth sur les innombrables paysages d’Angleterre aussi bien que du  continent, paysages qu'il connaissait intimement. «Je pense toujours à lui, écrit, Rebecca Solnit, comme à l’un des premiers à «faire de ses jambes un instrument de philosophie.» [7]Juste avant lui, certes, il y avait eu Rousseau, après lui il y aura Nietzsche. Mais c’est à Wordsworth d’abord, dans le monde anglo-saxon tout au moins, que se rattachent la multitude de ceux qui, au XIXe siècle, firent de la marche en symbiose avec la nature leur activité de prédilection.

     «Partout, note Émile Legouis, l’un de ses traducteurs français, Wordsworth s'impose à nous par sa parfaite sincérité, non qu'il dise tout sur lui ou sur l'homme, car il pratique la réticence comme un devoir, mais parce qu'il ne dit rien qu'il n'ait éprouvé, que toutes ses paroles sortent de son expérience ou de ses longues réflexions, et qu'il s'est donné pour tâche de remplacer la fantaisie, jeu capricieux de l'esprit, par l'imagination en laquelle il voit la suprême faculté d'enquête sur le monde extérieur comme sur celui du dedans, et qu'à son plus haut degré il identifie avec la pure raison.»

     Wordsworth a ouvert ce livre de la nature qui, pour bien des Anglais, allait remplacer la Bible.

     «Le poète à sa sœur

     Au cœur de toute créature

    L'Amour tisse les fils puissants

    Qui l'uniront à la Nature :

    C'est l'heure divine des sens.

     

    Un tel moment vaut mieux encore

    Que le travail de cinquante ans.

    Car l'esprit boit par chaque pore

    La sève sainte du Printemps.

     

    Nos cœurs inscriront en silence

    La loi qui pour longtemps conduit :

    L'année entière qui commence

    Peut-être dépend d'aujourd'hui.

     

    Mettons avec l'âme infinie

    Qui partout circule alentour

    Notre âme humaine en harmonie,

    Au diapason de l'amour.

     

    Hâte-toi, ma sœur, de me suivre !

    Allons devant nous sans choisir;

    Surtout n'emporte pas de livre,

    C'est aujourd'hui jour de loisir.[8]

     

    Le Alpine Club, symbole de pénétration de la marche et de ses bonheurs dans les mentalités, fut fondé en Angleterre en 1857. Des clubs semblables apparurent en Europe et aux États-Unis. Le célèbre Sierra Club fut fondé aux États-Unis par John Muir en 1892. À ce moment, en Europe comme aux États-Unis, la marche était un véritable sacrement, on se donnait rendez-vous pour marcher aussi souvent que pour prendre un repas.

     «Ce n’est pas John Muir qui a fondé le Sierra Club, dira Rebecca Solnit, mais la culture californienne.» [9]C’est par des organismes comme le Sierra Club que s’est opérée la transition entre un naturalisme dominé par la contemplation désintéressée de la nature et les mouvements écologiques actuels qui, sans négliger la contemplation, mettent surtout l’accent sur la protection de la nature. Si jamais la nature est sauvée sur cette planète, la dette de l’humanité à l’endroit des marcheurs romantiques sera considérable.

     Pour l’instant c’est dans les paysages de l’Ouest de l’Amérique du Nord, si chers aux membres du Sierra Club, et en Alberta plus précisément, que les crimes les plus violents contre la nature sont commis.

     Entre temps, les Américains ont cessé de marcher, cet exercice étant devenu à la fois inutile et désagréable. Rebecca Solnit elle-même habite à quelques centaines de mètres de sa banque, mais elle en est séparée par une autoroute où les passerelles sont espacées. Résultat : elle doit franchir plus d’un kilomètre en voiture pour s’y rendre. Ce serait un supplice insupportable pour elle que de s’y rendre à pied. Pour les urbanistes californiens, le piéton demeure le grand ennemi. Au cours des dernières années, on a supprimé 1000 passages cloutés dans cet état, dont une forte proportion dans la Silicon Valley, où les embarras de circulation sont la règle. À San Francisco, les piétons tués par une voiture représentent 41% des accidents mortels de circulation, à Atlanta, en Géorgie, ils représentent 81 %; à South Tucson, en Arizona, il n’existe pas de trottoirs!

     Chacun sait que partout en Amérique du Nord, jusque dans les villes de moins de 50 000 habitants, les commerces des centres villes et des quartiers ont cédé la place à des centres commerciaux situés en périphérie et cela va de soi, accessibles uniquement en voiture. À Montréal, on a récemment poussé cette logique à sa limite, en créant à Brossard, dans la banlieue Sud, une ville commerciale appelé Dix30, comme une huile à moteur et comme les deux numéros des autoroutes qui se croisent à cet endroit. On y trouve tout, à commencer par ce qu'on ne cherche pas, ce qui justifie des trajets en voiture de 30 kilomètres et plus. C’est au tour des centres commerciaux suburbains de taille moyenne d’être menacés.

     Qu'importe qu'on passe tant de temps assis dans une voiture! On achètera un tapis roulant au Dix30. On dit treadmil en anglais. Cet appareil, sous la forme d’une grande roue, a longtemps servi dans les prisons anglaises et américaines à casser les détenus, à les guérir de leur agressivité par le supplice de la monotonie. La plupart des propriétaires d’un tapis roulant, il faut s’en réjouir, ne supportent pas longtemps ce supplice. Cet instrument devient vite une pièce de musée dans le sous-sol de leur maison. D’une manière générale les hommes manquent de persévérance dans ce qu'ils font uniquement pour leur santé.

     Cet appareil est le symbole même de la désincarnation dont l’homme assis est victime, le plus souvent à son insu. Il est de moins en moins en contact avec le monde par ses sens. Le train, dont le premier circula entre Manchester et Liverpool, en 1830, fut pour les hommes de cette époque, qui avait toujours voyagé à pied ou au rythme d’un cheval, l’équivalent d’une fusée pour nous. C’est sans doute la raison pour laquelle les improbables voyages vers Mars suscitent une telle fascination aujourd’hui. Ces voyages représentent la victoire définitive sur le temps et l’espace et la fin du  rapport immédiat aux réalités dont ils sont remplis et que nous connaissions par nos sens.

     Sujet d’inquiétude. Freud a soutenu que pendant la grande transition, l’odorat a perdu de l’importance au profit de l’œil. Faut-il voir là une indication sur le sens qu'allait prendre l’évolution humaine? L’histoire de notre espèce serait celle de la montée du formalisme, de l’obsolescence des sens avec comme point oméga un corps sans âme qui serait pure logique, c’est-à-dire robot. Point d’âme en effet sans les sens.

     Il n’est heureusement pas exclu que les hommes donnent une autre orientation à leur histoire. C’est le sens qu'il faut donner à la résistance des romantiques au progrès.  Rebecca Solnit aurait pu trouver dans la Maison du berger, d’Alfred de Vigny des vers sur les chemins de fer résument parfaitement la pensée:

     

    Évitons ces chemins. - Leur voyage est sans grâces,

    Puisqu'il est aussi prompt, sur ses lignes de fer,

    Que la flèche lancée à travers les espaces

    Qui va de l'arc au but en faisant siffler l'air.

    Ainsi jetée au loin, l'humaine créature

    Ne respire et ne voit, dans toute la nature,

    Qu'un brouillard étouffant que traverse un éclair.

     

    On n'entendra jamais piaffer sur une route

    Le pied vif du cheval sur les pavés en feu ;

    Adieu, voyages lents, bruits lointains qu'on écoute,

    Le rire du passant, les retards de l'essieu,

    Les détours imprévus des pentes variées,

    Un ami rencontré, les heures oubliées

    L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu.

     

    La distance et le temps sont vaincus. La science

    Trace autour de la terre un chemin triste et droit.

    Le Monde est rétréci par notre expérience

    Et l'équateur n'est plus qu'un anneau trop étroit.

    Plus de hasard. Chacun glissera sur sa ligne,

    Immobile au seul rang que le départ assigne,

    Plongé dans un calcul silencieux et froid.

     

    Jamais la Rêverie amoureuse et paisible

    N'y verra sans horreur son pied blanc attaché ;

    Car il faut que ses yeux sur chaque objet visible

    Versent un long regard, comme un fleuve épanché ;

    Qu'elle interroge tout avec inquiétude,

    Et, des secrets divins se faisant une étude,

    Marche, s'arrête et marche avec le col penché.[10]

     Ce poème est l’un des plus beaux exemples de la résistance au progrès au XIXe siècle. Qui s’en réclame aujourd’hui est jugé passéiste. Les accents romantiques peuvent paraître excessifs, le message n’en est pas moins important : l’incarnation dont la marche est l’occasion est une condition du bonheur.

     Peut-on appeler bonheur le sentiment de puissance auquel s’abandonnent les négateurs du temps et de l’espace et tous les révoltés contre les limites du corps? Ce bonheur métallique ne satisfera jamais pleinement les êtres de chair et d’âme que nous sommes depuis des millions d’années. Peut-être est-ce là ce qui a incité les habitants et les visiteurs de Las Vegas, la ville la plus martienne de la planète, à ranger leurs voitures dans de profondes cavernes pour envahir les grands boulevards hier encore encombrés de voitures? C’est le message d’espoir que nous laisse Rebecca Solnit à la fin de son livre.

     «Comme ces îles où une espèce récemment introduite se reproduit avec un succès tel que ses hordes grouillantes dévastent tout autour d’elle jusqu’à ce qu'elles meurent de faim elles-mêmes, ainsi le grand boulevard de Vegas, le Strip, a-t-il été envahi par tant de voitures que ses huit voies étaient constamment congestionnées.» [11]La ville a évité la mort en se reconstruisant en fonction des piétons. Les casinos et les théâtres se sont rassemblés le long du boulevard des boulevards, ont fait subir à leurs façades une chirurgie plastique qui les rendaient agréables aux piétons, lesquels ont transformé la route à huit voies en un avant-poste mondial de la vie piétonnière.»

    Mais la nouvelle Vegas est-elle vraiment une ville où il fait bon marcher ou un Disney World dont on se lasse vite? Qu'est-ce qu'une ville qui fait à jamais le bonheur des piétons? Charmée et rassurée par Paris plus que par Vegas, Rébecca Solnit nous fait redécouvrir cette ville à travers le type du flâneur qu'incarne à ses yeux Walter Benjamin. Marchant au rythme de la tortue mythique qu'il tient en laisse, le flâneur fuit la foule de la rue pour se réfugier sous les Arcades, entre deux rangées de boutiques de luxe. Son rapport au temps et à l’espace indique la voie suivre pour redonner les villes aux piétons. Paris, disait-il, est la capitale du XIXe siècle, Paris, là où les murs, les quais, les kiosques, les places, les arcades «enseignent une langue si singulière que sa vie entière pourrait être dessinée sous la forme d’une carte ou d'un labyrinthe, comme si l’espace plutôt que le temps était son premier principe organisateur.»[12] N’est-ce pas d’ailleurs en revenant au temps comme principe organisateur de sa vie, et par suite en voulant y gagner du temps qu'on détruit les villes?

     Le thème de la ville comme langue, précise Rebecca Solnit,  a été repris par Michel de Certeau et Jean-Christophe Bailly. Elle en tire cette conclusion qui est à la fois le pire des scénarios et le fondement de tout espoir sérieux :

     «La métaphore de de  Certeau, écrit-elle, débouche sur la plus effrayante des perspectives : si la ville est une langue parlée par les marcheurs, alors une ville post piétonnière n’est pas seulement une ville ayant sombré dans le silence, c’est aussi une ville qui risque fort de devenir une langue morte, un lieu où les phrases familières, les blagues, les invectives vont disparaître, même si la grammaire formelle survit. Jean-Christophe Bailly, dans le Paris dopé par les voitures, accumule les preuves de ce déclin. Dans les mots d’un traducteur, il affirme que la fonction sociale et imaginaire des villes est menacée par la tyrannie de la mauvaise architecture, des plans sans âme et par l’indifférence à l’endroit de l’élément de base du langage urbain, la rue et le ruissellement de paroles[13] (stream of words) (sic), les histoires sans fin qui l’animent. Pour conserver les villes vivantes, il faut connaître leur grammaire et générer les énoncés qui vont soutenir son dynamisme. Et pour Bailly le principe actif dans ce processus, c’est la marche, ce qu'il appelle la grammaire générative des jambes[14] (generative grammar of the legs.). Il parle de Paris, comme d’une collection d’histoires, une mémoire d’elle-même construite par les marcheurs dans les rues. Si l’on perd l’habitude la marche, ces histoires cesseront d’être lues et deviendront illisibles.»[15]

     Ce que disent ici de Certeau et Bailly, en des termes qui paraîtront recherchés à certains, correspond à l’expérience de la plupart des voyageurs curieux. Dans une ville étrangère vivante, ils marchent six ou sept heures par jour, sans se rendre compte qu'il s’agit là d’un sorte de prouesse, surtout dans le cas de ceux qui chez eux vivent assis. Là se trouve l’espoir.

     



    [1] Solnit Rebecca, Wanderlust, A History of Walking, Penguin Books, New-York. 2000. Ce livre a été publié en français, aux Éditions Actes Sud, en 2004, sous le titre de L’art de marcher. Nous avons lu la version originale anlaise et traduit nous-mêmes les passages cités.

    [2] Solnit, Rebecca, Wanderlust, A History of Walking, Penguin Books, New-York, 2000  p.41

    [3] Solnit Rebecca, Wanderlust, A History of Walking, Penguin Books, New-York, 2000 p.50

    [4] http://www.youtube.com/watch?v=7RzqdKbDnq4

    [5] Aristote, Traité des Parties des Animaux, livre II, chapitre 10 

    [6] Ovide, Les métamorphoses,  pemière partie.

    [7] Solnit Rebecca, Wanderlust, A History of Walking, Penguin Books, New-York,2000 p.100

    [8] http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5447497x/f8.image

    [9] Solnit Rebecca, Wanderlust, A History of Walking, Penguin Books, New-York, 2000 p.172

    [10] http://romantis.free.fr/vigny/html/lamaison.html

    [11] Solnit Rebecca, Wanderlust, A History of Walking, Penguin Books, New-York, 2000 p.317

    [12] Solnit Rebecca, Wanderlust, A History of Walking, Penguin Books, New-York, 2000 p. 227

    [13] En français dans le texte.

    [14] En français dans le texte

    [15] Solnit, Rebecca, Wanderlust, A History of Walking, Penguin Books, New-York, 2000,  p.245

    Date de création: 2014-02-03 | Date de modification: 2014-02-07

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