• Encyclopédies

      • Encyclopédie de l'Agora

        Notre devise: Vers le réel par le virtuel!


      • Encyclopédie sur la mort

        L’encyclopédie sur la mort veut s'intéresser à ce phénomène sous ses multiples aspects et ses diverses modalités.


      • Encyclopédie Homovivens

        Encyclopédie sur les transformations que l'homme opère en lui-même au fur et à mesure qu'il progresse dans la conviction que toute vie se réduit à la mécanique.


      • Encyclopédie sur l'inaptitude

        Tout le monde en conviendra : c'est au sort qu'elle réserve aux plus vulnérables de ses membres que l'on peut juger de la qualité d'une société. Aussi avons-nous voulu profiter ...


      • Encyclopédie sur la Francophonie

        L'Encyclopédie de la Francophonie est l'une des encyclopédies spécialisées qui se développent parallèlement à l'Encyclopédie de l'Agora.

  • Dictionnaires
  • Débats
      • Le Citoyen Québécois

         Après la Commission Gomery, la Commission Charbonneau! À quelles conditions pourrions-nous en sortir plus honnêtes… et plus prospères

      • L'hypothèse Dieu

         Un nouveau site consacré au dialogue entre croyants et non-croyants a été créé. Son titre « L’hypothèse Dieu » annonce-t-il un vira...

  • Sentiers
      • Les sentiers de l'appartenance

        L'appartenance c'est le lien vivant, la rencontre de deux Vies : la nôtre et celle de telle personne, tel  paysage...Quand la vie se retire, le sentiment d'appropriation se substitue au ...

      • Le sentier des fleurs sauvages

        Nous sommes des botanistes amateurs. Notre but est de partager un plaisir orienté vers une science complète où le regard du poète a sa place à côté de celui du botaniste, du généticien, du gastrono...

      • L’îlot Louis Valcke

        Sur les traces de Louis Valcke (1930-2012), professeur, philosophe, essayiste, cycliste, navigateur et pèlerin. Spécialiste mondial de l’œuvre de Pic de la Mirandole.

  • La lettre
    • Édition

    Le créateur de symboles

    Henri Niel
    En 1965, dans le cadre des Entretiens de Genève, eut lieu un colloque mémorable intitulé Le robot, la bête et l'homme. Entre autres, Jacques Monod, Ernest Ansermet, Vercors, Roger Caillois, le R.P. Henri Niel figuraient parmi les conférenciers. La variété, la qualité et la pertinence des positions adoptées nous autorisent à considérer ce colloque comme l'événement intellectuel fondateur de l'ère du numérique. Voici le texte  de la conférence du R.P. Henri Niel assorti d'un lien vers le site Les classiques des sciences sociales, lequel a assuré la numérisation de la totalité des actes du colloque.



    En me demandant de traiter ce soir des rapports entre le Robot, la Bête et l’Homme, votre dessein n’était pas de faire appel à un spécialiste mais d’entendre une voix chrétienne, non que la qualité de chrétien soit refusée aux autres conférenciers mais, à leur différence, vous me demandez de parler « en tant que chrétien ». A travers la forme volontairement énigmatique qu’il revêt, le thème proposé aujourd’hui à notre méditation est celui de la recherche de l’humain. Il s’agit pour nous de saisir ce qui constitue l’humanité de l’homme. Cet homme lui-même nous le considérerons non à la façon d’une réalité isolée mais tel qu’il apparaît et vit à la surface du monde, vivant d’une vie qui participe à celle de l’animal et intégré dans une culture aboutissant actuellement à la production du robot. Traiter de cette question « en tant que chrétien » voudra dire d’une part exposer le point de vue chrétien comme tel, d’autre part montrer ce qui, abstraction faite de toute foi chrétienne explicite, introduit et justifie la position chrétienne. Cette tâche elle-même devra être accomplie non de façon scolaire, comme s’il s’agissait de répéter une leçon apprise par cœur, mais dans une perspective propre à un genre de vérité qui nous atteint dans notre être le plus intime.

    Pour apprendre comment la tradition chrétienne situe l’homme dans le monde il n’est que d’ouvrir la Bible. La Genèse nous dit que Dieu a créé Adam à son image, chose qui n’est pas affirmée des animaux. Dieu constitue ensuite Adam seigneur et maître de la terre. Tous les animaux reçoivent l’ordre de répondre à son appel, mais lui-même doit obéir à Dieu. A la différence de l’animal qui trouve le repos dans une existence purement naturelle, l’homme ne peut vivre son existence d’être sensible et animé que dans un rapport conscient et libre à Dieu. En d’autres termes l’homme n’existe pas d’une existence purement naturelle, il existe aussi devant Dieu. La grande faute d’Adam est d’oublier qu’il a son centre en dehors de lui, de refuser ce rapport à Dieu, de vouloir s’accomplir comme animal divin. A la suite de ce drame le monde perd sa transparence première, Dieu se retire en quelque sorte de lui, et l’homme tombe sous la loi d’une nature qu’il a préférée à Dieu. Ainsi la légende de la tour de Babel raconte comment l’humanité s’est divisée d’avec elle-même pour avoir voulu se constituer en puissance indépendante de celle de Dieu. Dans l’Epître aux Romains, saint Paul montre de son côté comment, pour avoir préféré leur loi à celle de Dieu, les païens ont finalement perdu toute humanité : Dieu les abandonnant au destin qu’ils s’étaient eux-mêmes forgés. Le monde devient une puissance de fascination capable de nous faire oublier notre rapport essentiel à Dieu et Satan apparaît comme le prince de ce monde. Avec la venue du Christ le règne de Satan est détruit et le lien rattachant l’homme à Dieu prend une dimension nouvelle. Le Dieu que la tradition juive situait au delà de toute forme naturelle se fait homme, c’est-à-dire qu’en la personne de Jésus de Nazareth une dignité divine est attribuée à l’être de chair que nous sommes, Dieu renoue de façon définitive avec une humanité qui avait voulu se faire Dieu. Alors que dans l’Ancien Testament, Dieu s’adressait à la seule communauté juive, au seul Israël, Dieu appelle tous les hommes du seul fait qu’ils sont hommes. Le salut n’est plus obtenu par l’agrégation à Israël et l’obéissance à la Loi mais dans un rapport direct et personnel à Dieu le Père. Jésus de Nazareth donne son message comme une libération : Dieu renoue avec nous, nous sommes délivrés de l’esclavage du péché, nous sommes invités à modeler notre être de chair et de besoin à la ressemblance du Père. L’essence de l’homme est placée dans l’acte de liberté par lequel il peut ou bien s’ouvrir à cette bonne nouvelle et se sauver ou bien se fermer sur lui-même et se perdre. Enfin, ainsi qu’en témoigne la place de choix attribuée aux petits et aux humbles, Jésus s’adresse au cœur et non au savoir théorique. En renouant avec Dieu l’homme se retrouve lui-même et le prochain avec lui. Le monde auquel nous avions renoncé tout à l’heure nous est donné à nouveau de la main de notre Père qui est dans les cieux. Cependant, chose importante à noter, Jésus de Nazareth n’annonce pas pour aujourd’hui la transparence absolue de la création ; celle-ci ne sera réalisée que lorsqu’à la fin des temps le Père révélera sa justice.

    L’insistance avec laquelle la Bible revient sur le caractère essentiellement théocentrique de l’homme explique pourquoi le sentiment chrétien a longtemps reculé et hésité devant le transformisme, craignant que l’affirmation d’un lien quelconque entre l’apparition de l’homme et l’apparition de l’animal ne nous fasse perdre de vue la communauté avec Dieu à laquelle nous sommes appelés. Cependant, la Bible affirme aussi qu’une immense fraternité relie le monde inorganique, le monde animal et l’homme. L’univers trahit partout un même but, un même dessein, une même unité sacrée ; il est tout entier l’œuvre de Dieu. Ainsi, le livre de Job appelle les animaux les plus monstrueux, tels le rhinocéros ou le crocodile, à témoigner à leur façon des profondeurs insondables de la puissance divine. Un saint François d’Assise prêche aux oiseaux, un saint Bonaventure découvre partout correspondance et symbolismes cachés ; le monde formait pour eux un tout qualitatif. On a dit que les progrès de la mécanique céleste avaient balayé cet anthropocentrisme trop naïf ; cela n’est que partiellement vrai. Assurément, bien des chrétiens du Moyen Age seraient étonnés de nous entendre dire que notre terre n’est peut-être pas la seule planète habitée et que la Vie a pu se développer ailleurs sur d’autres voies que celles définies par le cycle du carbone, mais ils seraient d’accord avec nous pour admettre que ces autres êtres sont appelés aussi par Dieu. Ce qui anime le chrétien est la recherche de l’unité. A propos de celle-ci une espèce de divorce s’est installé entre la théologie classique et le monde moderne. Profondément convaincu que le Christ assure le centre et l’unité de toute histoire humaine, souvent dépourvu des instruments d’analyse intellectuelle nécessaires, le théologien classique est souvent tenté de minimiser le rôle des unifications intermédiaires pour contempler uniquement l’unité dernière réalisée sur le plan religieux. A l’opposé et souvent en réaction contre l’attitude de ce théologien abstrait, l’homme de science insiste sur la nécessité et le rôle des unifications intermédiaires. Du temps de sainte Thérèse d’Avila les théologiens attribuaient au diable les phénomènes psychologiques extraordinaires qui ne pouvaient venir de Dieu ; entre le diable et Dieu les psychologues et les psychiatres modernes ont découvert tout l’immense domaine des maladies mentales. La découverte de ce domaine n’entraîne nullement la dissolution du plan religieux, elle signifie simplement que la question de l’unité dernière se pose en termes différents d’autrefois. Ici un mot d’explication est nécessaire. Encore qu’ils s’accordent tous sur la fin à obtenir, les théologiens ne suivent pas la même route pour y parvenir ; certains inclinent à l’irrationalisme, d’autres à un syncrétisme mythique ; nous pensons au contraire qu’il faut partir d’une idée plus large et plus souple de la raison.

    Lorsque les premiers écrivains ecclésiastiques essayèrent d’expliquer à leurs contemporains païens comment l’homme était capable de ce rapport direct avec Dieu dont nous avons parlé, ils puisèrent largement dans le trésor de la pensée grecque accumulée. De leur effort est née ce que j’appellerais l’anthropologie chrétienne classique, anthropologie basée sur la notion d’âme. Parce qu’ils sont également doués de vie l’animal et l’homme ont une âme, mais ce qui sépare l’homme de l’animal est que seul il possède une âme éternelle. De cette anthropologie nous trouvons l’écho dans les vieux catéchismes qui définissent l’homme comme « un être créé à l’image de Dieu et composé d’un corps et d’une âme ». Réfractée à travers une piété toute primitive, cette manière de voir a inspiré le récit de certains hagiographes racontant que « l’âme du serviteur de Dieu est montée au ciel sous la forme d’une colombe ». Faisant de la relation corps-âme une véritable relation d’opposition, certains ont vu dans l’homme une espèce d’ange qu’à la suite d’une faute originelle Dieu aurait revêtu d’une tunique de chair et asservi aux exigences de la vie animale. Dans cette perspective la vie terrestre apparaît surtout comme un temps de souffrance et d’épreuve par quoi nous méritons de retrouver notre éternelle patrie. Pour expliquer cette attitude on a invoqué le dualisme grec. Au delà de ce dualisme il y a peut-être le sentiment de la puissance redoutable de la chair. A cause de l’extase qu’elle développe, la chair nous entraîne hors de nous-même et nous attache à l’autre. Comment deux êtres pourraient-ils s’abandonner dans les bras l’un de l’autre et vivre en même temps dans le souvenir de Jésus-Christ crucifié ? Je ne violerai aucun secret en vous disant que de nos jours cette anthropologie est critiquée à la fois par la science, chose que vous savez, et par les membres du clergé, témoin cet article du Figaro littéraire où François Mauriac accablait de sa plume vengeresse un vicaire qui voulait évacuer du catéchisme l’idée d’âme parce que d’origine grecque. Quoi qu’il en soit de cette critique, la tendance actuelle va plutôt à s’exprimer le rapport immédiat du chrétien à Dieu à travers des attitudes historiques empruntées à l’Ancien et au Nouveau Testament. Cette approche plus phénoménologique rend davantage l’angoisse primordiale devant la mort, le sentiment de la liaison entre le péché et la mort, le caractère personnel et unique du rapport de l’homme à Dieu. Dans cette perspective, résurrection du Christ et résurrection de la chair deviennent une pièce maîtresse de l’anthropologie ainsi constituée. C’est l’intervention de Dieu qui est le garant essentiel du destin exceptionnel de l’homme. Malgré le retentissement favorable qu’elle trouve dans la sensibilité moderne cette manière de voir pose et posera de plus en plus la question de la démythologisation. Dans quelle mesure a-t-on le droit d’ériger inconsciemment en catégories rationnelles des attitudes plus ou moins inspirées par la mentalité mythique ? En outre, remarque qui va d’ailleurs dans le même sens, la tradition catholique s’est toujours refusée à admettre l’alternative résurrection ou annihilation. De soi, en l’absence de résurrection, l’âme humaine ne serait pas condamnée à disparaître après la mort.

    Pour définir la position de l’homme en face de l’animal, nous avons employé jusqu’ici les notions d’image de Dieu, de rapport direct à Dieu, d’âme immortelle : toutes choses qui donnent à la recherche de l’humain une dimension théologique. Le mot théologique est pris ici au sens large et non au sens où l’emploie la théologie catholique. Il indique l’idée d’un au-delà de l’homme par rapport à quoi celui-ci se situe. Nous avons parlé jusqu’ici de l’homme en général ; ce qui existe n’est pas cet homme mais l’individu limité et contingent que je suis, homme ou femme, avec tel caractère, telle enfance, telle famille, telle profession. La recherche de l’humain que nous avons entreprise est le fait non de l’homme en général, mais de ces individualités. Pour définir l’humanité de l’homme il faut nous élever au-dessus d’elles et trouver le point sur lequel ces individualités contingentes s’accordent librement. Par dimension théologique nous avons souligné uniquement la nécessité d’une telle démarche. De soi, la foi chrétienne ne résulte pas fatalement du mouvement par lequel l’individu s’élève au-dessus de lui-même, mais, du point de vue de l’analyse intellectuelle, elle le présuppose. Prenant le mot théologique dans son sens étroit, nous avons, au cours de notre première partie, établi qu’aux yeux de la tradition chrétienne l’homme est dans un rapport positif et immédiat avec Dieu ; prenant maintenant le mot théologique dans son sens large, qui est celui des philosophes, nous allons montrer que l’existence humaine a comme telle une dimension théologique, dimension qui fait de l’homme l’interlocuteur possible de Dieu. La conception chrétienne de l’homme implique le fait de la révélation, mais nous sommes en droit de nous demander comment l’homme peut comprendre la parole que Dieu lui adresse. Pour accomplir cette recherche, nous allons emprunter tout d’abord la voie tracée par un illustre romancier.

    Dans un roman philosophique intitulé Les Animaux dé-naturés, Vercors, qui est peut-être ce soir parmi nous, essayait il y a quelques années de définir sous le voile de la fiction ce qui sépare l’homme de l’animal. Sa thèse était que pour tracer la ligne de démarcation il faut en appeler non à l’anatomie comparée mais à la question suivante : est-ce que cet X mystérieux sur lequel s’interroge un tribunal anglais a des gris-gris ou non ? Si oui, nous le rangeons du côté de l’homme, si non du côté de l’animal. Les singes supérieurs, déclare en substance l’auteur, avaient probablement une intelligence plus élevée que celle de l’homme de Néanderthal. Ce par quoi celui-ci se sépare radicalement de l’animal est qu’il s’arrache à la nature, s’oppose à elle, fait deux avec elle. L’humanité est née de cet arrachement. Nous sommes, écrit l’auteur, des animaux dénaturés, c’est-à-dire des animaux qui ont mis en question leur être naturel. Dans cette mise en question et cet arrachement, vous reconnaissez tout de suite le premier mouvement de la liberté. Etre libre, c’est d’abord être capable de faire abstraction. En effet, je ne puis choisir entre deux biens opposés que si je ne suis pas invinciblement attiré par l’un d’entre eux. Si le stimulus provoque automatiquement la réponse, il n’y a pas acte humain mais réflexe animal. Pour qu’il y ait liberté, il faut qu’une puissance d’inhibition interrompe, ne fût-ce qu’un instant, le circuit stimulus-réponse. Ce qui sépare l’homme de l’animal est le pouvoir d’échapper à la fascination de l’hic et nunc. L’adjectif dénaturé, que nous venons d’employer, désigne justement le fait que l’homme est un animal qui se libère du poids de l’hic et nunc.

    Cependant l’humanité de l’homme ne tient pas uniquement au mouvement de mise en question que nous venons de signaler : chez l’homme la mise en question se double d’un mouvement d’intégration. Les expériences faites sur les névroses expérimentales montrent qu’à leur façon les animaux supérieurs sont capables de mettre en question la fascination de l’hic et nunc, mais ils n’ont pas conscience de cette mise en question ; chez l’homme, au contraire, la mise en question se possède elle-même. Pour analyser cette particularité de l’homme, nous allons introduire la notion de forme qui permet de situer l’homme en continuité avec l’animal. Dans sa Biologie théorique, Jacob von Üxkül notait que de par sa constitution biologique chaque espèce animale est ordonnée à un milieu naturel particulier sans qu’elle puisse s’en évader : l’ordination étant inscrite dans les structures biologiques élémentaires de l’animal. Ce milieu naturel ou environnement est foncièrement de la réalité extérieure telle qu’elle est décrite par la physique ou la chimie. Pour nous en faire une idée, il faut imaginer un ensemble de formes naturelles qui induisent la perception de l’animal et sont déclencheurs d’action. L’activité de l’animal est mise en jeu par ces formes et la sensibilité plus grande à un type particulier de formes est fonction de la constitution anatomique. Ainsi, le milieu naturel du grillon n’est pas celui du ver de terre, de la truite ou du chat sauvage. L’animal est en quelque sorte enfermé dans un cercle : ses comportements et son action sont fonction des messages qu’il reçoit et ces messages sont eux-mêmes fonction de son organisation biologique. Chez l’homme, au contraire, le cercle est brisé. Son comportement n’est plus exclusivement fonction d’un système de codage inscrit dans la constitution biologique. Être fondamentalement démuni, l’homme doit se créer à lui-même le milieu dont il a besoin : cette création amène l’apparition d’un nouveau type de formes que nous appelons formes culturelles et opposons aux formes naturelles qui constituaient l’environnement de l’animal. Peut-être me ferez-vous remarquer que certains animaux, tels les abeilles ou les fourmis, possèdent la capacité de modifier la nature par leur travail et de créer un milieu extérieur qui leur soit adapté. Ce qui sépare l’homme de ces animaux est qu’il met en question le milieu extérieur qu’il vient de créer afin d’en faire surgir un nouveau et ainsi de suite, sans qu’il soit possible de mettre un terme à ce processus. L’insatisfaction est essentielle à l’homme. Dans son désir de procurer à tout prix le bonheur de l’homme, l’utopie moderne veut rendre l’homme totalement satisfait. Mais, ainsi qu’en témoigne Le Meilleur des Mondes de Aldous Huxley, ne risque-t-on pas ce faisant de détruire l’humanité de l’homme ? Certains ont interprété l’apparition de l’homme comme si la Vie se servait du détour de l’analyse intellectuelle pour atteindre ses fins. De même que les animaux, nous serions conduits uniquement par nos besoins et nos désirs ; à leur différence nous disposerions d’instruments beaucoup plus perfectionnés. En réalité, il n’y a pas détour, mais coupure. Un facteur nouveau apparaît qui se manifeste par l’apparition d’un nouveau type de formes que nous appelons formes culturelles. Nous avons dit tout à l’heure que l’homme est un animal dénaturé. S’il met ainsi en question la nature, c’est pour s’affirmer en face d’elle et la soumettre à la loi. Dans la mesure même où elle aboutit à un résultat effectif, cette attitude débouche sur un processus d’intégration, intégration toujours limitée et partielle mais intégration quand même. La liberté de l’homme se constitue par un processus d’intégration. Du point de vue réflexif où nous nous sommes placés, on peut désigner du terme de formes culturelles les divers processus d’intégration réalisés avant nous dans l’histoire et qui sont parvenus jusqu’à nous. Pour nous limiter à un exemple, le français, l’anglais, l’allemand, etc., tels qu’ils sont concrètement parlés sont autant de formes culturelles. A côté du langage, il faudrait citer : la science, l’art, la religion, les institutions politiques, etc. L’instabilité dont souffre notre monde moderne tient à ce que sous l’influence de la révolution industrielle la production de ces formes s’est prodigieusement accélérée, nous avons perdu la pérennité des cultures artisanales et agricoles. Ces formes elles-mêmes sont dans une guerre perpétuelle les unes avec les autres ; certaines naissent, d’autres disparaissent ; chacune prétend expliquer l’homme et l’ensemble de l’univers à partir de son propre point de vue. Ces heurts eux-mêmes ne sont pas simplement académiques mais empreints de la plus grande passion. C’est que ces formes culturelles n’existent pas dans un ciel imaginaire. Notre liberté se constitue en elles et par elles sans qu’on puisse établir de séparation, de sorte que toute mise en question de ces formes est mise en question de notre liberté dans ce qu’elle a de plus intime.

    Si, dans une dernière étape, nous nous interrogeons sur le mouvement par lequel l’homme crée les formes culturelles, nous rencontrons un processus de symbolisation. A la vérité, chez l’animal existe déjà un processus de symbolisation, mais cette symbolisation reste naturelle, c’est-à-dire qu’elle ne se possède pas elle-même et qu’elle est liée aux intérêts immédiats de la vie ; chez l’homme, au contraire, le processus de symbolisation se possède et se dégage des intérêts immédiats de la vie. De cette différenciation nous avons un exemple dans le langage. Les psychologues s’accordent à reconnaître que le langage est commun aux hommes et aux animaux. Cependant, alors que l’animal s’arrête au seul langage expressif, l’homme possède à la fois le langage expressif et le langage propositionnel ou théorique : l’instrument de communication se transforme en un instrument de pensée. Il ne faut pas concevoir ce passage de façon platonicienne comme si le sensible nous renvoyait à un ordre d’essences qui existeraient en soi. Je suis en train de vous parler, des vibrations sonores frappent vos oreilles et par le biais de ces vibrations, sans qu’on puisse la détacher de ces événements purement physiques, une signification progresse. Le sensible est à la fois le sensible et la manifestation d’une intention que nous retrouvons au fond de nous-même. Ma pensée, pour se posséder, a besoin de se constituer devant vous en édifice de mots, cependant je ne vous communique pas des mots mais une intention. Cette translucidité du sensible tient à ce que, au lieu comme le robot d’être assujetti à un système de codage particulier, l’être humain est maître à chaque instant des informations qu’il reçoit, car il les possède à partir d’un centre où elles sont activement recréées. Ainsi que certains cas d’aphasie en font la preuve négative, les images reçues sont toujours reconnues à partir d’une activité spirituelle qui se possède elle-même dans son acte. Toutes les fois que cette présence à soi est concrètement mutilée, l’humanité de l’homme est atteinte. Pour vérifier le bien-fondé de cette affirmation il n’est que de se rapporter aux difficultés que l’on rencontre dans l’éducation des débiles mentaux. Leur impuissance à apprendre est liée à la faiblesse de leur puissance de symbolisation. Chez le petit enfant la conscience de soi est toute virtuelle, nous avons affaire à une présence vide qui s’ignore en quelque sorte elle-même. Pour que l’être humain parvienne à une existence intégralement humaine, il faut que cette présence se donne le contenu qui lui manque en même temps que la conscience de ce contenu. C’est grâce à l’activité symbolisatrice que ce résultat est atteint. Activité symbolisatrice et hominisation sont liées. Menant une existence intermédiaire entre celle de l’homme et de l’animal, le débile profond est incapable de symboliser parce que doué d’une conscience de soi qui ne se possède pas elle-même. Bien entendu, le processus de symbolisation implique toujours le rapport homme-monde, mais ce rapport est toujours, ainsi que nous venons de le dire, le fait d’une conscience de soi qui se possède dans son acte. Toute question posée sur l’homme est finalement interrogation adressée à cette conscience de soi pour lui demander la signification qu’elle s’attribue à elle-même.

    Maintenant que nous sommes parvenu au terme de notre exposé, il convient de nous arrêter un moment pour considérer du regard le chemin parcouru. Faisant volontairement abstraction de tout ce qui avait été dit ou écrit sur ce point, nous avons simplement mis en rapport la position chrétienne d’une part, et d’autre part le fait d’une liberté qui se constitue peu à peu elle-même dans le monde. Ce rapprochement nous a été inspiré par le sentiment que la signification rationnelle de la position chrétienne apparaît à la lumière seulement de la question que cette liberté est à elle-même. Cette question fait corps avec nous-même. C’est à elle que cet exposé renvoie finalement. A cette question, les hommes ont déjà donné bien des réponses ; mon but n’est pas de les passer en revue, mais simplement de situer la position chrétienne par rapport à elles. Si nous l’interrogeons, le chrétien présentera sa foi non comme une solution à côté d’autres solutions, mais comme le dévoilement d’une possibilité entièrement originale. Alors que les autres réponses placent l’accomplissement de l’homme dans l’exaltation d’une liberté essentiellement conçue comme acte de transcender, la position chrétienne place ce même accomplissement dans un mouvement opposé : il nous est proposé non plus un mouvement de trans-ascendance à partir de l’homme, mais acceptation et ouverture au mouvement de trans-descendance par lequel Dieu se penche vers nous. Aux yeux du chrétien, le destin de l’homme est finalement fonction de cette ouverture. Toutefois, c’est le point sur lequel nous avons insisté dans notre exposé, la signification rationnelle de cette ouverture ne peut être saisie que du point de vue de la trans-ascendance. Nous sommes encore une fois renvoyés à nous-mêmes. En conclusion, la position chrétienne a une face négative et une face positive. L’aspect négatif est que jamais aucune parole humaine ne dira totalement l’homme à lui-même. L’aspect positif est que cette parole a quand même été dite par Jésus-Christ et en Jésus-Christ.

    Date de création: 2012-04-18 | Date de modification: 2012-04-18

    Informations

    L'auteur
    HENRI NIEL, né en 1910 à Avignon, s’est fait connaître par ses ouvrages et par sa collaboration à diverses revues : Critique, Heythrop Journal, Archives de Philosophie, etc. Entré dans la vie religieuse en 1929, sa culture est très vaste : le P. Niel est docteur ès lettres, docteur en médecine, docteur en philosophie scolastique. Depuis 1945, il est professeur aux Facultés catholiques de Lyon, où il enseigne l’histoire de la philosophie et la psychologie. La méditation du P. Niel s’exerce sur tous les grands problèmes philosophiques dans leur rapport avec les sciences de l’homme ; ainsi dans son important ouvrage sur Hegel, De la médiation dans la philosophie de Hegel, et dans L’analyse du destin. C’est à chaque fois du problème de la liberté que traite le R. P. Niel, mais dans ce dernier ouvrage, à partir d’une approche scientifique et à propos de l’œuvre du psychiatre L. Szondi.

    Date de création:
    2012-04-18
    Dernière modification:
    2012-04-18
    Extrait
    La grande faute d’Adam est d’oublier qu’il a son centre en dehors de lui, de refuser ce rapport à Dieu, de vouloir s’accomplir comme animal divin. A la suite de ce drame le monde perd sa transparence première, Dieu se retire en quelque sorte de lui, et l’homme tombe sous la loi d’une nature qu’il a préférée à Dieu. [...]

    Documents associés


    Contribuez au rayonnement des oeuvres de l'Agora/Homovivens en devenant membre ou en faisant un don.

     



    Flux RSS:

    Les Dossiers

    Savoir vie garder

    Le nom de Néfertiti signifie «la belle est arrivée». La racine néfer et ses dérivés décrivent les aspects positifs et moteurs de la vie, au premie...
    Voici comment en 1968, Jacques Mousseau présentait Alan Watts dans la revue Nouvelle Planète« À travers l’œuvre d’Alan Watts court la préoccupation ...
     L'homme se rapprochera-t-il de l'animal, comme plusieurs semblent le souhaiter, ou s'assimilera-t-il  complètement à la machine comme les transhumanistes l'incitent à l...
    La déshumanisation  est indolore. Nous conversons tous les jours avec des robots sans en souffrir le moins du monde. On nous annonce l’utérus artificiel pour demain, nous d&ea...
    Colloque Vivre ou fonctionner Sous-titre : L’incarnation comme remède aux maux de la planète et de l’humanitéTranshumanisme, règne de la quantit&eacut...
    PandémieSite de l'OMSSur ce site Web, vous trouverez des informations et des conseils de l'OMS concernant la flambée actuelle de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) qui a &eacut...
     Chers américains, autant vous êtes insuportables, terrifiants même quand vous vous assimilez aux robots et rêvez d’une immortalité sur disque dur, autant vo...
     Ce texte fait partie d'une série d'articles regroupés sous le titre général de Quatre articles convergeant vers la critique du narcissisme.Aux origines de la dé...
    Comment faire en sorte que nos écoles forment des êtres vivants? Comment éduquer pour la vie? En éduquant par la vie.Ce qu'a fait le fondateur du collège de la Pocati...
    Par Jean Onimus « Enthousiasme, Oh! mot aux grandes ailes, mot affolant qui fait battre le cœur à grands coups, mot qui enlève, exalte, emporte, arrache vers les é...
    Esthétique et education réflexion à partir de l’éducation esthétique de Schillerpar Chantal LapointePremière partie« L’utilité est la...
    Frédéric Back ou la vie plus forte que l’envie, par Jacques Dufresne Mort de notre ami Frédéric Back, la veille de Noël 2013, juste avant une fête semblabl...
     BACHELARD, UNE ANTHROPOLOGIE DE L’HOMME INTEGRAL  par Jean-Jacques Wunenburger *Quand les nombres et les figuresNe seront plus la clef de toute créature,Quand, par les cha...
    Joseph Weizenbaum (né à Berlin le 8 janvier 1923 et mort à Berlin le 5 mars 2008) est un informaticien germano-américain. Il fut professeur émérite d'informat...
     par Hélène Laberge « En matière d'art, l'érudition est une sorte de défaite : elle éclaire ce qui n'est point le plus délicat, elle ap...
    Art populaire Une histoire des débutsUn livre de François TremblayCompte-rendu de Hélène LabergeDirecteur fondateur du Musée de Charlevoix, François Tremblay ...
    Art populaire Une histoire des débutsUn livre de François TremblayCompte-rendu de Hélène LabergeDirecteur fondateur du Musée de Charlevoix, François Tremblay ...
    « L'homme, exilé sur la terre, est maintenant exilé de la terre ».G.T.En 1998, je publiais Après l'homme le cyborg? C'était un cri d'indignation accompagn&eacut...
    Quel est la responsabilité du géographe dans l’éloignement de l’homme par rapport à la terre, un éloignement créateur d’indifférence ...
    «Un jour comme celui-ci, je prends conscience de ce que je vous ai dit en cent occasions – que le monde est très bien comme il est. Ce qui ne va pas, c’est notre manièr...
    La Ferme Berthe-RousseauPour vous y rendre (1), faites très attention à l'écriteau indiquant Moulin de la laine, tout de suite à droite vous traversez un petit pont de bois...
    Naissance de la musiqueLa musique n'a plus de frontières. Orphée ne chantent plus seulement pour Euridyce, il charme tous les hommes. Ceci grâce aux progrès accomplis dans l...
     Philosophe de formation, Jacques Dufresne a marqué la vie intellectuelle québécoise des cinquante dernières années. Au cours de ce demi-siècle, sa pr&ea...
    «Un bon esprit doit ressembler à une broussaille plutôt qu'à un herbier.» AlainExiste-il une vie intellectuelle? Pas au sens d’occupation, de travail, d’act...
    Voici un texte essentiel sur cette vie subjective, que nous appelons souvent la vie comme qualité sur ce site.« La vie subjective d'un côté, la réalité physique...
     L’art d’imiter la natureLe biomimétismeAndrée Mathieu et Moana LebelÉditions MultiMondes, 2015Commentaire de Jacques DufresneSi vous aviez cherché biomim&...
    Pierre Bertrand, philosophe québécois prolifique est l’invité de la Compagnie des philosophes à sa rencontre du dimanche 1er février 2015. Nous profitons de l&...
     Certains articles de journaux, rares il est vrai, sont des événements qui marquent un tournant de l’histoire ou un changement de mentalité. C’est le cas de l&rsq...
    par Jacques Grand'Maison« Si le mot que tu veux ajouter n'est pas plus beau que le silence, retiens-le », disait un mystique soufiste.Présence et silence s'appellent l'un l'autre. S...
    Nous étions amis, nous avions vingt ans, nous avions lu Nietzsche, nous étions implacables. Le conférencier devant nous, sûr de posséder la vérité, plus...
    Notre dossier de la rentrée La radicalité consiste à remonter jusqu’à la racine d’un mal pour en trouver le remède, l’extrémisme (comme...
     Deathist. C’est le mot que le Ésope du transhumanisme, le suédois Nick Bostrom, utilise pour fustiger ceux qui de Socrate à Rilke ont fait de la mort une alliée...
    UN SIÈCLE DE PENSÉES CONVERGENTESC’est le climat qui est le sujet de la conférence de Paris et c’est la question de la limite qui en sera l’enjeu principal : lim...
    Pays, paysan, paysage Suite aux élections québécoises du 7 avril dernier, marquée par la défaite du Parti québécois et de son projet souverainiste...
    PENSER LA SCIENCE L’analyse du rôle joué par la science dans la société contemporainepar Ber...
    Crise économique, réchauffement climatique, événements extrêmes, pic pétrolier, pic de la plupart des métaux. Suivrons-nous le conseil de Sén&egr...
    La question du rythme que nous abordons ici est complexe et peut conduire à des excès, ce dont il faut être bien conscient. Nous nous limitons ici à une introduction dans le...
    Ne pas confondre avec signes vitaux. Quand une personne nous donne signe de vie, elle ne nous décline pas l'état de ses signes vitaux : température, pouls, respiration et pression...
    Cet article de Françcois Tremblay sur l'art naîf et sur l'oeuvre de Solange Hubert, a d'abord paru dans MAGAZINART, été/automne 2011.« Art naïf, art populaire, ar...
     Les idéologies du sportpar Gabor Csepregi               Gabor Csepregi, athlète et philosophe, est l’aut...
     Les idéologies du sportpar Gabor Csepregi               Gabor Csepregi, athlète et philosophe, est l’aut...
    Au moment oû les hommes considéraient la terre comme un lieu de passage, ils y construisaient pour l'éternité; ils l'ont transformée en terrain de camping à p...
    L’automobile est rarement un objet de réflexion, même si elle occupe dans nos vies et sur notre planète une place démesurée. Réfléchir sur une cho...

    L'emmachination

    Quel est, se demandait René Dubos, l'envers de cette extraordinaire adaptabilité qui est pour les humains un avantage indiscutable par rapport aux autres espèces? Il y a, ré...
    La toxine botulique ou botox est produite par la bactérie Clostridium botulinum laquelle est une molécule paralysante et le plus puissant poison connu à ce jour. Les ophtalmologis...
    Désincarnation. Ce mal indolore, invisible et silencieux résulte de la montée du formalisme dans une civilisation ou une personne. L’accès à la propriét...
    L'emmachination est le fait, pour un être vivant de s'assimiler à la machine. Pour ce qui est de l'être humain, elle est le contraire de l'incarnation. L'incarnation est la tendance...
    Google vient d’adhérer au transhumanisme. Faut-il s’en étonner? Son siège social est voisin de la Singularity University fondée par Ray Kurzweil.La dénat...
    Humanisé par votre portable?Par Jacques DufresneIl porte trois noms en français. Vous l’appellerez cellulaire si vous avez le sentiment qu'il vous enferme dans une cellule, mobile ...
     Les insectes dans l'Encyclopédie de l'AgoraLe point sur le déclin des insectes
     L’euthanasie et la PMA en contexte Relier pour comprendre On peut certes isoler une plante et l’étudier en laboratoire, mais on ne la connaîtra complète...
    La PMA ou la médecine sans limitesPar Jacques Dufresne Ovules importés des États-Unis par catalogue, mère porteuse sollicitée en l’absence de tout encadre...
    Dans la perspective de ce portail Homo Vivens, le chiffre et l'argent sont indissociables. Ce sont des signes dont l'importance croissante, démesurée, réduisent l'homme et ses sen...
    Stéphane StapinskyLe texte suivant, extrait d’un document intitulé  « Trois jours chez les transhumanistes » produit par l’équipe du site Pi...
    Tout le monde, ou presque, emploie maintenant les mots conscience et intelligence aussi bien à propos des ordinateurs que des humains et en tenant pour acquis qu'il s’agit des mêmes...
    On a accès à un nombre croissant de nouvelles devant lesquelles on se demande comment les évoquer, pour les critiquer, sans obtenir l\'effet contraire : qu'on en parle davantage d...
     La médicalisation est la prise en charge systèmatique de la santé des gens par des experts appartenant à la profession médicale.Ce phénomène aujo...
    De hatsu premier son et miku futur, Hatsune Miku est une chanteuse ayant toutes les caractéristiques d'une diva sauf une : la vie. Elle est un hybride composé d'une voix synthétiq...

    La robotorie

    Dans l'état actuel des choses, en janvier 2012, nous nous opposons énergiquement au déploiement d'un réseau de compteurs d'électricité ''intelligents'' au Qu&...
    En 1965, dans le cadre des Rencontres internationales de Genève, eut lieu un colloque mémorable intitulé Le robot, la bête et l'homme. Entre autres, Jacques Monod, Ernest An...
    Par analogie avec animalerie et ménagerie. L'animalerie évoque l'entière soumission de l'animal à l'homme, elle est cette antichambre du laboratoire où les animaux u...

    La nouvelle espèce

    Ce livre, paru en 1999, est l'une des premières réflexions en langue française sur cette question du posthumanisme devenue depuis un sujet majeur. Il a été éc...
    Article de l'Encyclopédie de DiderotAUTOMATE, s. m. (Méchaniq.) engin qui se meut de lui-même, ou machine qui porte en elle le principe de son mouvement.Ce mot est grec αὐτόμ...
    De nombreux scientifiques, dont plusieurs sont à l’origine de l’ordinateur et d’Internet, ont tantôt réclamé, tantôt proclamé l’av&egrav...
    Pour une vue d'ensemble de la question, nous vous invitons à consulter le dossier eugénisme de l'Encyclopédie de l'Agora.On a cru un moment, en Occident du moins, que l'eugé...
    Crise économique, réchauffement climatique, événements extrêmes, pic pétrolier, pic de l'or, pic du cuivre, pic du fer... Face à ces limites, le d&eacut...
    L’IA (intelligence artificielle) et le transhumanisme forme un couple solide. On imagine mal un transhumaniste qui ne serait pas aussi un inconditionnel de l’IA; quant aux spécialis...
    Les Jeux Olympiques dans l'Antiquité (Pierre de Coubertin, 1863-1937)«Il est probable que la création des Jeux Olympiques fut due aux Pisates, premiers possesseurs de la vallée de l'Alphée. Mais les O...
    Voici un texte écrit en 1995 qui éclaire de façon singulière les questions que nous soulevons dans ce portail Homovivens.« Progrès accéléré...
    Plus l'humain ressemble au robot plus il se reconnâit en lui; ce qui aide à comprendre pourquoi une comparaison entre l'homme et le robot qui aurait provoqué l'indignation de Berna...
    Nos rites funéraires sont en crise, il y a de moins en moins d’inhumation, de plus en plus de crémation, les cérémonies de funérailles, quand il y en a, ont pa...
    Nous retenons ici les deux principaux sens que le FLF donne au mot anticipation« A.− [L'anticipation concerne une action] Réalisation de cette action avant le moment attendu ou pr&e...
    Texte à venir
    Dans l’histoire des ordinateurs, le mathématicien anglais Alan Turing a joué un rôle de premier plan. On lui doit notamment la machine qui porte son nom. Il s’agit d&rs...
    Le concept de posthumanisme est encore flou. Pour le moment chacun peut lui donner le sens opposé à celui qu'il donne au mot humanisme, ce qui nous autorise à prendre notre propre...
    Selon Ray Kurzwei, avec l'avènement de l'ordinateur, l'homme se précipite vers un nouveau big bang programmé pour éclater en 2045. Il a même donné un nom &agra...
    Der Spiegel en guerre contre la Silicon ValleyLa vallée de l’avenir…de l’humanité?¿Quién manda en el mundo? Qui commande,1 qui commandera dans le monde, ...
    Les définitions qu'on trouvera plus loin dans cette page, remonte à 2008. Le mouvement transhumaniste, si c'est le mot qui convient, a progressé si rapidement que c'est cette d&ea...